Rapport Avenirs éco-responsables 2023

Titre Avenirs écoresponsables en lettres déssinées

Au prin­temps 2023, le Réseau cana­dien pour les musiques nou­velles (RCMN) a orga­ni­sé une série de consul­ta­tions régio­nales afin de savoir en quoi, com­ment et si la com­mu­nau­té de la musique de créa­tion et du son envi­sage un ave­nir durable pour notre pra­tique. Ces ren­contres com­pre­naient par­fois une pré­sen­ta­tion, mais elles étaient prin­ci­pa­le­ment concen­trées sur le recueil de réponses, à la fois d’ar­tistes indi­vi­duels et de repré­sen­tants d’or­ga­nismes cultu­rels et de dif­fu­sion. L’ob­jec­tif du RCMN avec ces ren­contres était double : d’établir ce qui serait le plus utile et le plus appro­prié, concer­nant son pro­chain évé­ne­ment natio­nal sur le thème d’un ave­nir éco-res­pon­sable, et de déter­mi­ner ce dont la com­mu­nau­té pour­rait avoir besoin en matière de res­sources que le RCMN pour­rait four­nir ou aider à organiser.

Vous trou­ve­rez ci-des­sous de courts rap­ports des­crip­tifs de chaque ren­contre, avec un compte ren­du abré­gé de ce que les par­ti­ci­pantes et par­ti­ci­pants ont par­ta­gé. Pour une immer­sion sub­stan­tielle dans le conte­nu, chaque résu­mé est sui­vi de trans­crip­tions légè­re­ment modi­fiées et ano­ny­mi­sées des com­men­taires des participants.

Le RCMN est très recon­nais­sant du sou­tien de FACTOR pour la réa­li­sa­tion du pro­jet Ren­contres Régio­nales sur les Ave­nirs éco-responsables. 

Rencontre de Halifax

Date : le 16 mars 2023
Lieu : The Music Room, 6181 Lady Ham­mond Rd, Hali­fax, NS B3K 2R9
Co-dif­fu­seur : Sco­tia Fes­ti­val of Music 

La séance a été ouverte par Norm Adams, direc­teur de sud­den­ly­Lis­ten et vice-pré­sident du conseil d’ad­mi­nis­tra­tion du RCMN, et a été sui­vie d’une courte pré­sen­ta­tion du pro­jet Ave­nirs éco-res­pon­sables et du pro­chain ras­sem­ble­ment natio­nal du RCMN, par sa Direc­trice Géné­rale, Ter­ri Hron. Cette der­nière a éga­le­ment men­tion­né les trois modes d’implication de LeSAUT – l’écologisation du sec­teur, amé­lio­rer le pro­fil, réécrire le monde – que le RCMN uti­lise pour enca­drer ses acti­vi­tés et ses dis­cus­sions autour des Ave­nirs éco-res­pon­sables. Ter­ri a ensuite pré­sen­té Kim Fry, direc­trice de la sec­tion cana­dienne de Music Declares Emergency.

Kim Fry a par­ta­gé son his­toire en tant que mili­tante ain­si que l’é­vé­ne­ment qui l’a ame­née à for­mer une sec­tion cana­dienne de Music Declares Emer­gen­cy, à savoir un concert pour mar­quer le 40ème anni­ver­saire du concert Amchit­ka, qui a finan­cé la pre­mière action de Green­peace. Elle a par­ta­gé sa vision d’une action mili­tante : « Ce que nous devons faire pour créer une socié­té où nous n’é­met­tons pas de grandes quan­ti­tés de car­bone est en fait un monde beau. C’est jar­di­ner davan­tage, c’est se connec­ter davan­tage avec la com­mu­nau­té, c’est faire plus votre propre cui­sine, c’est tel­le­ment de choses qui sont en fait un monde bien plus beau que le monde tré­pi­dant hyper-consu­mé­riste de gens qui se sentent sur­me­nés, qui tra­vaillent tout le temps et qui font la navette sur de longues dis­tances et sont sépa­rés de leur famille. Donc ce n’est pas tant que ce qui est deman­dé soit un énorme far­deau pour la plu­part des gens. Pour la plu­part des pays du monde, pour la plu­part des pays du Sud, il y a la pos­si­bi­li­té d’augmenter réel­le­ment leur niveau de vie. Ce n’est vrai­ment que dans les pays riches que nous devons faire quelques ajus­te­ments. Mais je pense que s’ajuster va en fait ren­for­cer la com­mu­nau­té et rendre les gens fon­da­men­ta­le­ment plus heu­reux ». Kim nous a rap­pe­lé que « le cli­mat est une ques­tion fémi­niste de taille ». Elle a éga­le­ment sou­li­gné qu’au sein de la com­mu­nau­té de la musique de créa­tion et du son, finan­cée par des fonds publics, nous sommes chan­ceux de ne pas être aus­si ancrés dans le capi­ta­lisme et de ce fait nous avons plus d’es­pace pour par­ler et réflé­chir à ces ques­tions. Kim nous a ensuite infor­més des actions de MDE (Music Declares Emer­gen­cy), avec leur som­met sur le cli­mat en octobre der­nier et celui à venir en novembre pro­chain, et nous a éga­le­ment orien­tés vers d’autres ini­tia­tives, telles que le Earth percent de Brian Eno, qui n’a pas encore été inté­gré à la SOCAN, mais avec cer­taines agences de col­lecte de rede­vances où les artistes peuvent dési­gner la terre en tant que co-autrice, les fonds sont ensuite rever­sés par Earth percent dans des causes environnementales.

Les par­ti­ci­pants, qui regrou­paient des com­po­si­trices et com­po­si­teurs, des inter­prètes, des dif­fu­seurs et des orga­ni­sa­teurs de fes­ti­vals locaux, ont alors com­men­cé à par­ta­ger leurs expé­riences et leurs inquié­tudes. Les ques­tions qui ont été sou­le­vées comprenaient :

  • Des primes pour encou­ra­ger les membres du public à uti­li­ser des moyens de trans­port écologiques ;
  • Il faut de l’argent pour inci­ter le public à uti­li­ser des trans­ports éco­lo­giques. D’où cet argent va-t-il venir ? Les sub­ven­tion­neurs y pensent-ils ?
  • On demande beau­coup aux petites orga­ni­sa­tions pour réduire leur empreinte, tan­dis que les gros émet­teurs sont moins sur­veillés, comme dans la socié­té en général ;
  • Les dif­fu­sions en direct devraient se pour­suivre avec plus de sou­tien pour les inté­grer dans les pro­gram­ma­tions : acces­si­bi­li­té accrue et réduc­tion de l’empreinte carbone ;
  • Le direct offre des pos­si­bi­li­tés de télé­tra­vail de grande qua­li­té avec des artistes/compositeurs en dis­tan­ciel. La ren­contre d’Ha­li­fax a eu lieu à The Music Room, une salle équi­pée pour la dif­fu­sion en direct qui est uti­li­sée par des ensembles locaux pour des col­la­bo­ra­tions à dis­tance ain­si que des concerts retrans­mis en direct ;
  • Un réseau de lieux de dif­fu­sion en direct per­met­trait des col­la­bo­ra­tions à tra­vers le pays et de nou­veaux modes de curation ;
  • Des tour­nées plus longues et moindres signi­fient plus de temps avec les artistes et des coûts plus éle­vés, ce qui n’est pas conforme aux allo­ca­tions de finan­ce­ment pour les indem­ni­tés jour­na­lières, etc. Quand les direc­tives bud­gé­taires vont-elles rat­tra­per leur retard ? Cela signi­fie-t-il que moins de pro­jets seront finan­cés ? Vers qui se tour­ner pour com­bler le manque à gagner ?
  • Des dis­pa­ri­tés entre les coûts réels des pro­jets, notam­ment avec des périodes de tra­vail plus longues et/ou une dif­fu­sion en direct, et aucun moyen de le démon­trer aux subventionner ;
  • Nous avons besoin de plus de réunions avec des bailleurs de fonds dans la salle, « nous devons tous y tra­vailler ensemble, toutes les par­ties du tout ».

« Notre fes­ti­val est en hiver. Alors, vous avez men­tion­né des gens se dépla­çant à vélo et à pied et je me suis dit : ‘Oh, mon Dieu, je ne peux pas deman­der ça à mon public’. Mais vous savez, nous sommes plu­tôt dans le centre et dans Hali­fax, on pour­rait ame­ner les gens à envi­sa­ger de mar­cher au lieu de conduire sur cinq pâtés de mai­sons. Et puis offrir une récom­pense pour les moyens inté­res­sants de se rendre au fes­ti­val. Quelque chose comme un avan­tage, inclus dans votre for­fait pro­mo­tion­nel, pour juste faire pas­ser le mot, en gros. C’est vrai­ment juste une façon de faire pas­ser le mot pour que les gens tiennent compte de l’empreinte car­bone en allant sim­ple­ment à un concert. Je pense que ce sont là tous les petits gestes que nous devons tous inté­grer dans notre quotidien ».

« Les dif­fu­sions en direct seraient ma sug­ges­tion, même si elles consomment éga­le­ment toute cette éner­gie. Mais elles ont été extrê­me­ment impor­tantes, je pense, pour des gens comme moi, par­ti­cu­liè­re­ment celles et ceux qui vivent dans des endroits éloi­gnés. J’ai pu par­ti­ci­per à des évé­ne­ments par­tout dans le monde grâce à cette tech­no­lo­gie que la COVID a ren­due pos­sible » 

« Nous tra­vaillons avec des com­po­si­trices et com­po­si­teurs vivants. Tan­dis que nous fai­sons beau­coup d’al­lers-retours avec le com­po­si­teur, au fur et à mesure de la repré­sen­ta­tion, à mesure qu’on s’apprête à pré­sen­ter la pièce, nous n’a­vons pas le bud­get pour que le com­po­si­teur soit pré­sent. Et vous savez, pour ce qui est de faire en sorte que les voyages à tra­vers le Cana­da ou à l’é­tran­ger en valent la peine, c’est beau­coup de tra­vail en plus de beau­coup d’argent. Ce n’est tout sim­ple­ment pas réa­liste. Mais nous avons eu des com­po­si­teurs du Royaume-Uni, nous avons eu des com­po­si­teurs du nord, nous en avons eu de par­tout qui assistent à la repré­sen­ta­tion de leur travail ».

« C’est une ques­tion d’ac­ces­si­bi­li­té. Pas seule­ment pour les gens qui pour­raient ne pas être en mesure d’al­ler phy­si­que­ment aux concerts, mais qu’en est-il des per­sonnes qui vivent dans des endroits où elles n’ont jamais accès à un concert ? Tout à coup, avec des orga­nismes par­tout au Cana­da, vous pour­riez avoir un concert de dif­fé­rents mor­ceaux, de dif­fé­rents endroits, qui seraient pré­sen­té quelque part où il n’y a pas de musi­ciens – ou peut-être qu’il n’y a qu’un seul ensemble – mais ils auraient une col­la­bo­ra­tion avec d’autres ensembles et cela nous donne la pos­si­bi­li­té de voir des choses qui ne sont pas phy­si­que­ment pré­sentes pour nous. Mais per­sonne n’a dit qu’on ne peut pas orga­ni­ser d’é­vé­ne­ments où les gens se ras­semblent, parce que je pense que c’est la par­tie ras­sem­ble­ment des concerts qui est impor­tante. Nous pou­vons four­nir des col­la­tions et peut-être qu’il y a des musi­ciens en cet endroit, et peut-être alors que vous pour­rez voir quelque chose qui se passe à tra­vers le pays et être pré­sent avec ces gens. Mais nous ne pen­sons tout sim­ple­ment pas encore à ces choses ».

« C’est assez dif­fi­cile à atteindre : soyez sou­cieux de l’en­vi­ron­ne­ment, res­pec­tez le bud­get, gagnez de l’argent et ayez un bon public ».

« Je me fâche parce qu’on me l’en­lève et que c’est ma force vitale d’al­ler m’as­seoir dans un théâtre : c’est mon endroit pré­fé­ré au monde. Et j’en suis pri­vé. Et je vois l’a­ve­nir. Il nous est confis­qué, à cause de ce que ma géné­ra­tion, je sup­pose, a fait au monde ».

Rencontre d’Ottawa

Date : le 19 mars 2023
Lieu : Car­le­ton Domi­nion-Chal­mers Centre, 355 Cooper St, Otta­wa, ON K2P 0G8
Co-dif­fu­seur : Research Centre for Music, Sound and Socie­ty in Canada

Pour la ren­contre d’Ot­ta­wa, le RCMN s’est asso­cié à la Dre Ellen Water­man du Centre de recherche sur la musique, le son et la socié­té au Cana­da (MSSC) pour l’organisation d’un accueil de deux jours de Tanya Kal­ma­no­vitch et de son Tar Sands Song­book. Le 28 mars, le MSSC a orga­ni­sé Lis­te­ning Café 2 : Lis­te­ning to the Cli­mate Emer­gen­cy through The Tar Sands Song­book, durant lequel Tanya a inter­pré­té son recueil de chan­sons accom­pa­gnée du pia­niste Andrew Bou­dreau. Ils ont ensuite été rejoints par la dra­ma­turge Katie Pearl et ont don­né au public une chance de réagir et de poser des questions.

Cette pres­ta­tion puis­sante a ini­tié la consul­ta­tion du len­de­main matin, qui a réuni des membres de la com­mu­nau­té musi­cale diver­si­fiée d’Ot­ta­wa. Une fois de plus, un mélange d’ar­tistes indi­vi­duels, d’é­du­ca­teurs et de musi­ciens, ain­si que des tra­vailleuses et tra­vailleurs cultu­rels d’or­ga­nismes musi­caux et artis­tiques locaux et natio­naux d’Ot­ta­wa étaient pré­sents. Ces der­niers com­pre­naient des repré­sen­tants de Impro­vi­sing & Expe­ri­men­tal Music of Otta­wa and Out­wards (IMOO), Jazz Fes­ti­vals Cana­da Net­work, Mul­ti­cul­tu­ral Arts in Schools and Com­mu­ni­ties (MASC), le Centre natio­nal des Arts, Otta­wa Cham­ber­fest, le Fes­ti­val de jazz d’Ot­ta­wa, Pro­pel­ler Dance, Qu’ART the Otta­wa Queer Arts Col­lec­tive et SCALE-LeSAUT (Sec­to­ral Cli­mate Arts Lea­der­ship for the Emergency/Leadership sec­to­riel des arts sur l’ur­gence de la tran­si­tion éco­lo­gique). Nous avons ouvert la séance avec des pré­sen­ta­tions exhaus­tives et une brève des­crip­tion de ce que la dura­bi­li­té signi­fiait pour chaque par­ti­ci­pant, puis nous nous sommes orien­tés vers une dis­cus­sion de type « je passe la balle à … » autour des pro­blèmes com­plexes, gui­dée par les ques­tions que nous avions sou­mises à l’a­vance, notam­ment : Com­ment les orga­ni­sa­tions musi­cales peuvent-elles répondre à l’ur­gence cli­ma­tique et ses impacts sociaux ? Com­ment les gens parlent-ils de l’ur­gence cli­ma­tique et de de la musique et du son ? Com­ment les poli­tiques et le lan­gage évo­luent-ils autour des ques­tions de dura­bi­li­té ? De quelles res­sources les orga­ni­sa­tions musi­cales et artis­tiques pour­raient béné­fi­cier pour s’en­ga­ger dans la lutte contre les chan­ge­ments cli­ma­tiques ? Et com­ment les orga­nismes artis­tiques peuvent-ils contri­buer à faire avan­cer la discussion ?

Les prin­ci­paux points de l’échange comprenaient :

  • Cli­vages ruraux/urbains : stra­té­gies et pers­pec­tives rurales ;
  • Finan­ce­ment, acces­si­bi­li­té et reve­nu uni­ver­sel de base ;
  • Lan­gage et coop­ta­tion : les mots que nous utilisons ;
  • Stra­té­gies péda­go­giques d’en­ga­ge­ment : cha­grin, empa­thie, sur­vie et amour ;
  • Conflits et rela­tions : abor­der la pola­ri­sa­tion et la pen­sée binaire ;
  • Arts et chan­ge­ment sys­té­mique : dif­fé­rentes manières d’être et de faire ;
  • Outils d’en­ga­ge­ment com­mu­nau­taire, cli­mat et arts ;
  • Culti­ver des rela­tions les uns avec les autres et avec l’environnement ;
  • Logis­tique de tour­nées et de repré­sen­ta­tions avec une conscience climatique ;
  • Le pou­voir de la loca­li­té et de l’ac­tion locale.

Pour de nom­breuses per­sonnes pré­sentes, l’ac­ti­visme et le cli­mat sont des pro­blèmes de longue date. La conver­sa­tion a donc été pro­fonde et a béné­fi­cié de ce large éven­tail d’expériences.

Gale Frank­lin, assis­tant au MSSC, a fait un excellent tra­vail de trans­crip­tion et d’or­ga­ni­sa­tion de ce que les par­ti­ci­pants ont par­ta­gé sur un cer­tain nombre de sujets.

Cli­vages ruraux/urbains : stra­té­gies et pers­pec­tives rurales

« Je sug­gé­re­rais de regar­der du côté de l’encadrement, de gens sur des mar­chés et dans des orga­nismes plus petits, qui tra­vaillent dans l’ex­trac­tion, les villes ouvrières, et de voir com­ment les gens dans ces orga­ni­sa­tions, qui peuvent être des gens en dehors de la musique, voir com­ment ils pensent les rela­tions sociales entre leur conseil d’ad­mi­nis­tra­tion, leurs sub­ven­tion­neurs, leurs dona­teurs, leurs publics ».

« Je ne suis plus un inter­prète urbain. Mais en tant que per­sonne tra­vaillant dans un contexte urbain, il est impor­tant de se sou­ve­nir aus­si du reste du pays, qui a un pou­voir poli­tique remar­quable et un nombre de voix remar­quable. Et dans de nom­breux cas, cela résonne dif­fé­rem­ment que le contexte urbain, et alors je n’ai jamais été aus­si conscient de cela que l’an pas­sé ». 

« Je pense que nous man­quons vrai­ment de modèles de rura­li­té. J’é­coute Radio-Cana­da et tout est très urbain. Ce sont des gens des villes qui parlent des pro­blèmes de la ville. Et où sont les voix rurales ? Je veux dire que nous devons entendre ces voix. Et com­ment les faire entendre ? Parce que l’ex­pé­rience envi­ron­ne­men­tale hyper urbaine n’est pas quelque chose qui créé des liens pour tout le monde, et cela ne devrait pas l’être non plus ». 

« Si vous pre­nez ce que vous savez comme étant l’étendue de la pra­tique cen­tra­liste de la musique savante euro­péenne cano­nique, vous savez tou­jours à par­tir de cela ce que c’est que le tra­vail de mémoire, ce que c’est que le tra­vail de l’his­toire, ce que c’est que le tra­vail de l’empathie … Or nous savons quelque chose les uns des autres sans avoir besoin d’en connaître la langue. Donc même dans l’étendue de ce domaine, nous avons la capa­ci­té d’être en rela­tion. Donc peu importe, je sup­pose que je me disais juste genre, qui n’en­ten­dons-nous pas ? Qui ne voit-on pas quand on dit musique ? La musique de qui ? Vou­lons-nous vrai­ment le dire ? Et la musique de qui ne vou­lons-nous pas dire ? Et en tant qu’or­ga­nismes musi­caux, il y a quelque chose de très extrac­tif, je pense, dans la façon dont les orga­ni­sa­tions artis­tiques, les gens qui sont finan­cés par des orga­ni­sa­tions artis­tiques, parlent de faire du tra­vail com­mu­nau­taire. Ils parlent de « nos » par­te­na­riats, « nos » com­mu­nau­tés, « nos » par­te­naires autochtones ».

 

Finan­ce­ment, acces­si­bi­li­té et reve­nu uni­ver­sel de base

« Mal­heu­reu­se­ment, la crise cli­ma­tique menace une grande par­tie du tra­vail qui a été fait pour rendre notre monde plus acces­sible … [Notre tra­vail] a un impact qui vise à dépla­cer l’at­ten­tion des gens et à atti­rer l’at­ten­tion sur des pro­blèmes d’ac­ces­si­bi­li­té, et le prisme de l’ac­ces­si­bi­li­té sur la crise climatique ».

« Je vou­lais juste par­ta­ger un exemple de pro­jet auquel j’ai par­ti­ci­pé, lequel a publié un échan­tillon de don­nées, un cycle de chan­sons avec le sans fron­tières, des arts, de la cho­rale de groupe, et pen­dant la COVID. Parce que les gens ne pou­vaient pas se ren­con­trer en per­sonne, ils se réunis­saient en ligne, donc pra­ti­quant ces chants cho­rals via Zoom sur Inter­net. Et ce qui est inté­res­sant à ce sujet, c’est une nou­velle forme d’inclusivité où les gens pou­vaient par­ti­ci­per. Ceux qui n’auraient pas pu, même s’ils sont locaux, ont des pro­blèmes de mobi­li­té ou ne pou­vaient pas par­ti­ci­per autre­ment, ont sou­dai­ne­ment été inclus. Je pense que cela a créé une com­mu­nau­té, une com­mu­nau­té plus large à tra­vers cette cho­rale, l’extension de la pra­tique de la cho­rale sur Zoom. C’é­tait, à bien des égards, plus libé­ra­teur et plus inclu­sif. Et cette com­mu­nau­té a duré ; ces connexions que les gens ont éta­blies ont duré plus long­temps que la repré­sen­ta­tion, à la fin ». 

« J’ai remar­qué que nous n’a­vions pas vrai­ment par­lé d’argent. Et nous avons beau­coup par­lé d’ac­ces­si­bi­li­té, de rura­li­té, d’urbanité, et tout cela se recoupe avec l’é­co­no­mie, aus­si. Et je veux dire, je pense com­ment pou­vons-nous, com­ment pou­vons-nous par­ler de cela ? ».

« J’ai­me­rais pou­voir gagner ma vie sans sor­tir de chez moi, sans avoir à par­tir en tour­née. Et je pense que ce serait la plus grosse baisse de mes émis­sions car­bone. Et je pense aus­si, pour le public, beau­coup au truc ‘per­sonne n’a fait volte-face par manque de fonds’. Avoir des évé­ne­ments à petite échelle et un meilleur par­te­na­riat avec de plus petits groupes locaux, je pense que c’est vrai­ment, vrai­ment impor­tant. Et pas comme un pater­nel ‘je vous l’avais dit’ ».

« Je siège au conseil d’ad­mi­nis­tra­tion de l’Al­liance des arts média­tiques indé­pen­dants (AAMI) du Cana­da, qui est l’or­ga­nisme natio­nal de nom­breux centres d’art. Alors, c’est un orga­nisme natio­nal qui tra­vaille avec des artistes média­tiques de tout le pays. Et l’une des choses les plus impor­tantes que nous ayons iden­ti­fiées est le reve­nu uni­ver­sel de base. Et nous avons en fait à pré­sent un comi­té Reve­nu de base qui tra­vaille entiè­re­ment là-des­sus. Nous avons en fait une com­mis­sion natio­nale d’artistes, avec des com­mis­saires et des artistes de toutes les dis­ci­plines. Mais cer­tains à tra­vers le pays se pré­sentent pen­dant trois jours com­plets, en ce qui concerne la ques­tion du reve­nu uni­ver­sel de base … Or ça, en tant qu’or­ga­nisme natio­nal, c’est l’un des élé­ments clés sur les­quels nous conti­nuons d’in­sis­ter. Et j’ai des conver­sa­tions avec des gens du Conseil des arts du Cana­da qui font par­tie de ces ser­vices de pla­ni­fi­ca­tion stra­té­gique. Donc pas avec les sub­ven­tion­neurs. Et nous avons lan­cé l’i­dée que, plu­tôt que d’a­voir des gens qui concourent pour des sub­ven­tions pour des pro­jets, vous devez com­men­cer à chan­ger le sys­tème. Et vous devez en fait per­mettre aux per­sonnes qui sont des artistes et qui tra­vaillent en tant qu’ar­tistes d’a­voir un reve­nu avec lequel ils peuvent vivre. Donc, une chose que nous avons vue lorsque nous avons tous obte­nu la PCU … quand j’é­tais direc­teur d’un centre d’arts média­tiques à Otta­wa, les artistes média­tiques sont tout un tas de gens très neu­ro­di­ver­gents qui ont un reve­nu moyen à Otta­wa de 15 000 $ par année. Ce sont des gens en état de crise au quo­ti­dien. Quand ils rece­vaient 2 000 $ à la banque chaque mois, leur san­té men­tale était incroyable. Des gens qui deviennent réel­le­ment créa­tifs plu­tôt que d’a­voir à sur­vivre. Donc, je pense que pour tous les orga­nismes natio­naux dans le domaine des arts, il s’a­git d’un pro­blème énorme et impor­tant. Quoique je sou­tienne cette idée à l’échelle glo­bale aus­si. Je veux dire, notre public, les gens qui vont aux spec­tacles. Les gens ne vont pas aux spec­tacles parce qu’ils n’ont pas le temps. Je veux dire, si les gens peuvent être déten­dus et avoir un niveau de vie qui les rende plus ouverts à dif­fé­rentes idées, les rende plus ouverts à dif­fé­rentes expé­riences, c’est en quelque sorte la chose la plus impor­tante. Donc, je pense, vous savez, en tant qu’or­ga­ni­sa­tion natio­nale, créez un comi­té, com­mu­ni­quez avec les autres orga­ni­sa­tions natio­nales, les orga­nismes, puis obte­nez un seuil critique ».

« J’ai été très heu­reux d’en­tendre les conver­sa­tions [sur la dura­bi­li­té] au sein du Conseil des Arts du Cana­da. Et quelque chose que nous pou­vons faire, c’est [recon­naître] que nous ne sommes sim­ple­ment que des per­sonnes. Et ces orga­ni­sa­tions qui semblent par­fois être de grands orga­nismes ne sont tou­jours que des per­sonnes. Et plus nous pou­vons par­ler aux gens, plus il y a de chances de chan­ge­ment, n’est-ce pas ? Parce que le finan­ce­ment est une chose vrai­ment énorme. Et il est au plus bas. Et je sais qu’une grande par­tie du finan­ce­ment qui par­vient à beau­coup de conseils d’administration d’or­ga­ni­sa­tions artis­tiques est, par exemple, basé sur le tou­risme. Et c’est violent, mais c’est une réa­li­té à laquelle nous devons faire face. Donc, ce peut être la source de finan­ce­ment et c’est un finan­ce­ment com­mer­cial, et s’il pou­vait en fait être inves­ti davan­tage, comme dans le Conseil des Arts du Cana­da, ou plus cana­li­sé de manière à ne pas avoir à faire plus de chiffres, de plus gros taux de crois­sance, en tant qu’organisations, ce serait fan­tas­tique. Cela chan­ge­rait bien des choses ».

 

Lan­gage et coop­ta­tion : les mots que nous utilisons

« Parce que j’ai aus­si envie de prendre de la dis­tance avec le mot durable ou dura­bi­li­té. Il a tel­le­ment d’usages dif­fé­rents et il peut être si faci­le­ment inter­pré­té, vous savez, la via­bi­li­té finan­cière. Je pense que j’ai deux pro­blé­ma­tiques prin­ci­pales avec ce mot. La pre­mière est qu’il est tout sim­ple­ment trop large et qu’il peut être mal inter­pré­té ou bien il peut être inter­pré­té de tant de manières dif­fé­rentes qu’il n’est pas per­ti­nent. Et deuxiè­me­ment, cela implique que les choses res­tent les mêmes, ce qui est éga­le­ment très pro­blé­ma­tique. J’aime le mot … régé­né­rer, régé­né­ra­tif ou régé­né­ra­tion, qui me touche per­son­nel­le­ment, me touche beau­coup plus. Comme quel­qu’un d’autre l’a éga­le­ment men­tion­né … l’économat, la régé­né­ra­tion, voi­ci les valeurs avec les­quelles je veux avan­cer. Et je pense que, pour moi, la régé­né­ra­tion parle de gué­ri­son, mais pas de gué­ri­son de la pla­nète, de la gué­ri­son des gens. Et donc, j’ai vrai­ment aimé ce langage ».

« Pour moi, la régé­né­ra­tion consiste à recon­naître que [la créa­tion d’un sen­ti­ment d’ap­par­te­nance] est dif­fé­rente à tra­vers dif­fé­rentes com­mu­nau­tés. Et je pense que l’un de nos défis les plus impor­tants, en tant qu’ar­tistes et en tant qu’or­ga­ni­sa­tions artis­tiques, est de trou­ver les moyens de créer un sen­ti­ment d’ap­par­te­nance pour dif­fé­rentes com­mu­nau­tés – et que cela va encore une fois avoir l’air très dif­fé­rent pour dif­fé­rentes com­mu­nau­tés – mais pour créer ce sen­ti­ment d’ap­par­te­nir à un futur régé­né­ra­teur ou des futurs régé­né­ra­teurs au plu­riel. Et, vous savez, aller dans cette direc­tion, par oppo­si­tion au genre de dua­lisme qui entoure sou­vent cette ques­tion, de sorte que nous créons réel­le­ment de l’éner­gie plu­tôt que de muse­ler les gens ».

« Quand je regarde autour du monde, vous savez, mes amis trans, dont l’es­pé­rance de vie au Cana­da est de 32 ans, sont vrai­ment ren­dus à un point où la dura­bi­li­té ne suf­fit plus, comme l’a démon­tré hier soir la réunion du conseil sco­laire d’Ot­ta­wa autour de cela. Je veux dire, nous y revoilà ».

« Je vou­lais sug­gé­rer que quel que soit le mot que vous choi­sis­sez, nous trou­ve­rons un moyen de le trans­for­mer en quelque chose de pâle et vide de sens. Donc, ce que l’on peut faire c’est nous deman­der quelles sont les habi­tudes de pen­sée, les modes rela­tion­nels et modes d’ac­tion, qui nous per­mettent en quelque sorte de mettre en gageure les choses que nous devrions faire dif­fé­rem­ment à pro­pos d’un mot ».

« Les mots sont coop­tés … et là où les mots changent de sens, je pense que ce à quoi nous devons vrai­ment nous accro­cher, c’est la signi­fi­ca­tion que nous avons et la façon dont nous inter­agis­sons avec ces mots. Je veux dire, vous regar­dez des mots comme « woke » et ce qui s’est pas­sé ces der­nières années. Et ce que cela signi­fie à pré­sent pour la plu­part des gens – pas pour nous tous – est très dif­fé­rent de ce que cela signi­fiait il y a à peine quelques années. Et donc, je veux dire que je pense que la ques­tion de la for­mu­la­tion est impor­tante, mais je pense qu’une par­tie de cela est que nous devons être très clairs sur ce que cela signi­fie pour nous ».

 « Main­te­nant, mon sen­ti­ment à pro­pos de régé­né­ra­teur, quoique l’i­dée de régé­né­ra­tion est la sui­vante : cela sug­gère de mettre en avant quelque chose qui a déjà été atteint. C’est la réar­gu­men­ta­tion. Qui est, vous savez, comme toute la notion d’ur­gence cli­ma­tique, comme si c’é­tait une urgence selon la pers­pec­tive colo­niale du pre­mier monde mais, pour de nom­breuses com­mu­nau­tés autoch­tones, c’est juste une conti­nua­tion de quelque chose qui se pro­duit ». 

« Mais je pense que le truc de « l’ur­gence », selon moi, ren­voie à ce genre de défi­ni­tion plu­tôt « du pre­mier monde ». Ce n’est pas aus­si inclu­sif. En ce qui me concerne, le défi a été d’es­sayer de remettre en ques­tion mes sché­mas de pen­sée domi­nants. Et il s’a­git d’i­den­ti­fier quels sont-ils, comme, juste comme une prise de conscience, essayer de décou­vrir ce que sont ces choses. Je n’ai pas de solu­tion pour aller de l’a­vant, car je suis encore dans cette phase de découverte ».

« La dis­cus­sion autour de l’ur­gence et de sa pro­blé­ma­tique, afin que ce mot soit uti­li­sé pour atti­rer l’at­ten­tion sur les moyens par les­quels l’é­pis­té­mo­lo­gie, les connais­sances autour de la crise, sont uti­li­sés pour jus­ti­fier toutes sortes d’actes de cri­mi­na­li­té. Donc, parce que c’est une « urgence », nous devons abattre ces arbres, n’est-ce pas ? Ouais, parce que c’est une urgence. Cela doit arri­ver afin que les acteurs et les actions menées en temps de crise, c’est sou­vent uti­li­sé comme cou­ver­ture. Mais je pense que nous pour­rions tout aus­si rai­son­na­ble­ment inver­ser cela. Et pen­ser à uti­li­ser une cel­lule de crise comme un ter­rain géné­ra­teur de sagesse ».

« En pen­sant au lan­gage, j’ai écrit ici, il y a un lan­gage qui fait du bien. Et il y a un lan­gage qui convient par­fai­te­ment. Et puis, per­son­nel­le­ment, j’ai beau­coup lu sur ces choses, et j’ai par­lé à des gens et tout. Et ma propre réflexion est un terme qui a plus de sens pour moi pré­sen­te­ment, c’est la capa­ci­té de sur­vie, qui va au-delà d’un type de rési­lience. Mais c’est per­son­nel, vous savez, je plonge dans les méandres du pes­si­misme parce que c’est tel­le­ment décou­ra­geant de regar­der les faits. Mais c’est plus confor­table d’être dans un mot ou un concept qui convient par­fai­te­ment, qui donne l’im­pres­sion que nous en sommes là où nous en sommes vrai­ment. Donc, j’ai mis à l’échelle et j’ai dit, vous savez, il y a des mesures d’at­té­nua­tion sur les­quelles beau­coup de gens tra­vaillent main­te­nant, ils essaient de réduire leur empreinte dans tout effort qui en vaille la peine. Nous devons limi­ter les dégâts. Et puis il y a l’a­dap­ta­bi­li­té, c’est-à-dire qu’il y a des chan­ge­ments inévi­tables qui s’en viennent. Nous devons nous adap­ter. Nous devons anti­ci­per le cli­mat, les vagues de réfu­giés, toutes ces choses. Mais en réa­li­té, ce qui va arri­ver, mal­heu­reu­se­ment, c’est que nous allons entrer dans une période où seules cer­taines de nos espèces sur­vi­vront à ce qui s’en vient. Et ce n’est pas une chose très confor­table à laquelle pen­ser. Et on ne peut pas y faire grand-chose. Parce que vous vou­lez tra­vailler sur l’at­té­nua­tion et l’a­dap­ta­tion. Et puis cette régé­né­ra­tion, qui est un cadre plus pro­met­teur, mais je pense que cela vien­dra après cette période de capa­ci­té de sur­vie. Inévi­ta­ble­ment, tout du moins à moins que les choses ne changent radi­ca­le­ment, c’est vers ça que nous allons. Cha­cun d’entre nous, tout notre com­por­te­ment col­lec­tif. Alors, com­ment cela aide-t-il l’art ? Eh bien, peut-être que non. Mais cela m’aide moi, car cela m’aide à com­prendre le lan­gage qui a du sens, peu importe là où je dépense mon éner­gie. Donc, je pense que nous devons tous réflé­chir à où nous en sommes et à la constante des mots et ain­si de suite. Mais que signi­fient-ils ? Quel sens donnent-ils là où nous vou­lons mettre notre énergie ? ».

 

Stra­té­gies péda­go­giques d’engagement : cha­grin, empa­thie, sur­vie et amour

« Je pense que si vous vou­lez que quel­qu’un pro­tège quelque chose, vous devez l’ai­der à l’ai­mer. Ce que nous fai­sons, c’est que nous com­bi­nons poé­sie, prose poé­tique et musique et met­tons en évi­dence ce qui est très inté­res­sant musi­ca­le­ment. Nous nom­mons des oiseaux, nous nom­mons des lichens, nous fai­sons toutes ces sortes de choses et le tra­vail est vrai­ment une attente. Allez voir la nature, allez trou­ver votre propre rap­port pour pas­ser le temps, pro­lon­ger le temps. Vous savez, ne vous conten­tez pas de pas­ser devant la rivière, jus­qu’au bord et de com­men­cer à repé­rer, vous savez, ce qu’il y a là-bas. Essayez de le com­prendre. Et je pense que c’est la clé pour aider les gens à trou­ver le rap­port à la nature ».

« J’ai l’im­pres­sion que pen­dant et depuis la pan­dé­mie, les gens s’en fichent, les indi­vi­dus sont en mode sur­vie. Je pense que l’empathie des gens vient de s’é­pui­ser parce que les gens sont sur ce mode sur­vi­va­liste. Ils ont un cha­grin éco­lo­gique. Apprendre aux gens à aimer et à prendre le temps, c’est un vrai défi ». 

« À tra­vers mon tra­vail, à la fois en tant que com­po­si­teur et artiste inter­prète et les thèmes que j’ai expé­ri­men­tés, qui sont ces thèmes d’ap­par­te­nance et d’u­ti­li­sa­tion de la musique comme outil de réflexion. Et donc, en tant que quel­qu’un qui va dans les écoles et les com­mu­nau­tés, j’ai l’im­pres­sion que la part de mon rôle est d’être une tierce per­sonne, pour que les gens posent ces ques­tions pré­cieuses. Et donc, je suis vrai­ment ravi d’être ici pour par­ler de ce à quoi cela res­semble pour nous de faire des pas en avant impor­tants et de don­ner aux gens des outils pour dire à quoi res­semble la dura­bi­li­té dans nos com­mu­nau­tés. Com­ment nous pou­vons aller de l’a­vant non seule­ment pour en par­ler, mais pour avoir vrai­ment concrè­te­ment ain­si ces étapes tan­gibles d’en­ga­ge­ment avec la communauté ».

« [Nous avons] cette pièce … et c’est au sujet de la rivière Rideau, de ce qu’il y a dans la rivière et de ce que vous pou­vez obser­ver, com­ment on peut s’y iden­ti­fier, des moules qui ont été déchi­que­tées par les ratons laveurs aux graf­fi­tis sur le ciment qui les entourent. Et avant notre concert, nous avons fait beau­coup de sen­si­bi­li­sa­tion auprès de groupes qui, pas seule­ment la com­mu­nau­té musi­cale, mais aus­si les gens qui sont dans les clubs de cano­tage et les ins­ti­tu­tions de pro­tec­tion des rivières et des eaux et des choses dans le genre, les conseillers muni­ci­paux, dans tous les quar­tiers le long la rivière. Et nous nous sommes retrou­vés avec un public com­po­sé de toutes sortes de per­sonnes que je n’a­vais jamais vues aupa­ra­vant lors d’un concert. Et j’ai pen­sé, c’est inté­res­sant, ces gens ne res­semblent pas à un public typique. Je pense que nous avons réus­si à ame­ner des gens à entendre quelque chose de dif­fé­rent. Et à dia­lo­guer avec les idées, dans la musique et dans la poé­sie … Et donc, il est pos­sible de tou­cher les gens ».

« Vous avez dit quelque chose dès le début qui a réson­né en moi tout le temps : par­cou­rez la terre et faites atten­tion à l’ordinaire ».

 

Conflits et rela­tions : abor­der la pola­ri­sa­tion et la pen­sée binaire

« Je m’in­té­resse à com­ment cela se fait que nous vivions aujourd’­hui ? Et com­ment fai­sons-nous face à la des­truc­tion et aux pos­sibles ? En ce qui concerne l’i­dée de pola­ri­sa­tion poli­tique, peu importe où nous en sommes, ses racines sont tra­çantes et pro­fondes. Ce n’est pas quelque chose qui vient d’ar­ri­ver. Cela n’a jamais dis­pa­ru. Et donc aus­si, je pense que les solu­tions, les leçons pour la sur­vie et la résis­tance sont aus­si pro­fondes et conti­nues et par­tout autour de nous. Je déteste quand les gens disent sim­ple­ment, concen­trons-nous sim­ple­ment sur les solu­tions, parce que je me dis : ‘Non, nous devons vrai­ment par­ler du pro­blème pen­dant une minute’.  Mais j’aime la ques­tion de savoir com­ment nous sommes à la fois dans la des­truc­tion et les possibles ». 

« Je vou­lais juste sug­gé­rer qu’il y a une ten­sion dans le mou­ve­ment mili­tant, de savoir, abso­lu­ment, sans aucun doute, de quel côté vous êtes, et l’im­por­tance de cette clar­té, cette clar­té morale contre ce qu’il faut pour déman­te­ler la post-véri­té, le dis­cours pola­ri­sant, com­prendre notre inter­dé­pen­dance. Donc, je pense à ce que ce jour­na­liste m’a deman­dé hier, à savoir est-ce que je joue­rai ma pièce le long du che­min de fer ou si je veux la jouer et si j’aime les fes­ti­vals et les salles de concert. Je ne l’ai pas tel­le­ment conçue pour être jouée dans des espaces de pro­duc­tion d’art ins­ti­tu­tion­na­li­sés, mais je vou­lais le faire dans des espaces où l’ex­pé­rience vécue des gens cor­res­pond plus direc­te­ment aux com­plexi­tés que je res­sens dans ma propre vie. Cela signi­fiait donc le long de l’oléoduc, des routes fer­ro­viaires par camion qui ache­minent le pétrole de l’Alberta vers le mar­ché mon­dial. Et il était comme, “Eh bien, qu’est-ce que tu vas faire avec cette pièce, et s’il y a un gars là-bas avec des bottes à embout d’a­cier, il conduit son camion géant et genre, il va te dire …” Et je me dis, ‘eh bien, ces gars sont mes cou­sins, mes frères et mes oncles. Et ce sont les vôtres aus­si’. Ce qui sem­blait, vous savez, une chose absurde à dire à quel­qu’un, n’est-ce pas ? Mais vous pou­vez le désa­mor­cer en com­pre­nant que nous sommes déjà tous dans le même bateau, et que nous sommes déjà reliés. Et nos des­tins sont tou­jours acti­ve­ment inter­con­nec­tés, qu’ils puissent le voir ou non, il se pour­rait sim­ple­ment qu’ils ne soient tout sim­ple­ment pas prêts pour nous, c’est ce que j’aime à pen­ser : que tu n’es tout sim­ple­ment pas prêt pour moi. L’autre chose à laquelle je pen­sais en termes de luttes pour les arts et les orga­ni­sa­tions artis­tiques, c’est qu’elles sont domi­nées par des struc­tures de finan­ce­ment et des struc­tures de sou­tien qui sont acti­ve­ment et direc­te­ment liées aux mêmes struc­tures qui déman­tèlent notre droit d’ac­cès à la terre, à de l’eau cris­tal­line, à un ave­nir, la terre entière. Et elles entre­tiennent des rela­tions étroites avec les indus­tries des éner­gies fos­siles, les indus­tries d’extraction ».

« Pen­dant que j’é­coute, ce qui résonne, c’est à quel point il est impor­tant que nous soyons tous bien avec nous-mêmes, parce que c’est si dif­fi­cile de vivre avec inté­gri­té. Vous démon­te­riez tout et recom­men­ce­riez à zéro, mais nous ne pou­vons pas vrai­ment faire cela. Si nous pou­vions sim­ple­ment en par­ler ouver­te­ment et réa­li­ser comme [un par­ti­ci­pant] le disait, ‘il y a des répu­bli­cains dans ma famille et ça va’ ! C’est impor­tant d’être en accord avec tout le monde et avec vous-même et de faire de votre mieux dans cette capacité ».

« Il y a tel­le­ment de points de vue qu’il est vrai­ment dif­fi­cile de faire le tri et de déci­der ce qui est juste. Et même moi-même en tant qu’in­di­vi­du, j’ai besoin d’un ordi­na­teur plus puis­sant, car je tra­vaille sur plus de pro­jets. Je suis allé à Banff pour des rési­dences où les ins­tal­la­tions sont spon­so­ri­sées. Les pan­neaux sont accro­chés au mur par une orga­ni­sa­tion pétro­lière. Donc, c’est juste une période très stres­sante pour vivre et tra­vailler sur toutes ces choses. Donc, c’est vrai­ment bien d’a­voir ces conver­sa­tions et d’es­sayer de régler les choses ».

« Ce que je com­prends, c’est qu’il y a beau­coup d’i­ro­nie. Nous devons nous confor­mer à ces sys­tèmes afin de faire le tra­vail qui va par­fois à contre-cou­rant. Pre­nons un exemple de l’intérieur [d’une orga­ni­sa­tion de danse], nous nous concen­trons sur le lan­gage simple pour faire soit une des­crip­tion audio, soit pour rendre le tra­vail ou quoi que ce soit que nous lan­çons un peu plus acces­sible aux per­sonnes neu­ro­di­ver­gentes, qui ne per­çoivent pas les choses de la même manière que tout le monde. Et pour­tant, afin d’ob­te­nir le finan­ce­ment néces­saire pour que cela se pro­duise, nous devons rédi­ger toute cette demande de sub­ven­tion, qui est tout ce lan­gage éla­bo­ré qui n’a rien à voir avec le résul­tat final concret. Ce n’est donc qu’une iro­nie. Si je peux juste par­ler de l’ac­ces­si­bi­li­té durant la pan­dé­mie, c’é­tait génial. Nous avons pu atteindre beau­coup plus de per­sonnes sans avoir d’empreinte éco­lo­gique nous-mêmes. Mais cela repose sur l’hy­po­thèse que les gens ont accès à la tech­no­lo­gie pour que ces choses se pro­duisent. Donc, je pense que l’ac­tion en réponse à la pola­ri­sa­tion est d’in­ter­pel­ler l’i­ro­nie, de ne pas avoir peur de dire : ‘Hé, il y a cette dicho­to­mie.’ Et peut-être que nous orga­ni­sons un fes­ti­val et disons : ‘Devi­nez quoi, voi­ci le fes­ti­val et nous sommes le pro­blème.’ Je pense que ce serait assez dif­fi­cile de voir et d’être confron­té à cela en tant que membre du public, mais aus­si en tant que com­mu­nau­tés locales, et pour­tant de voir quelles sont les choses posi­tives qui peuvent émer­ger de l’urgence ».

 

Arts et chan­ge­ment sys­té­mique : dif­fé­rentes manières d’être et de faire

« Je suis convain­cu que rien ne chan­ge­ra, à moins que nous ne chan­gions le sys­tème. Et je pense que la com­mu­nau­té artis­tique est un exemple incroyable de com­ment ce sys­tème peut être dif­fé­rent. Parce que je veux dire, rec­ti­fiez-moi si je me trompe, je regarde autour de moi, aucun de nous n’est ici pour deve­nir riche, pour amas­ser des actifs, contrô­ler les chaînes d’ap­pro­vi­sion­ne­ment et des choses comme ça. Notre mode de vie est déjà dif­fé­rent du sys­tème et en dehors du sys­tème. Les artistes ont géné­ra­le­ment été mar­gi­na­li­sés en tant que groupe et en tant que groupe démo­gra­phique pen­dant des lustres. Donc, nous avons en fait une quan­ti­té de connais­sances incroyable, que nous pou­vons appor­ter au chan­ge­ment de sys­tème. Et je pense que cela implique que les artistes, en tant que masse cri­tique, se lèvent et disent que nous vivons un sys­tème dif­fé­rent. Alors les arts ont joué un rôle énorme dans la lutte contre le sida, les arts ont joué un rôle énorme pour les droits civiques. Nous savons réel­le­ment mobi­li­ser les gens et nous savons tra­vailler sur le chan­ge­ment de men­ta­li­té par­mi le grand public. Donc, je pense que nous avons des choses impor­tantes à appor­ter à cette bataille qui nous attend ». 

« Je pense que la musique ou les arts peuvent aider les gens à recon­naître l’ampleur du pro­blème. Et c’est vrai­ment dif­fi­cile pour les gens de recon­naître que ce qu’ils pensent être nor­mal est en fait quelque chose, qu’il y a dif­fé­rentes façons de voir le monde. Et je crois vrai­ment que remettre en ques­tion nos per­cep­tions colo­niales occi­den­tales est ce qui est néces­saire pour pro­vo­quer le chan­ge­ment. Je crois que déco­lo­ni­ser et consi­dé­rer l’en­vi­ron­ne­ment sont liés. J’ai aimé les mots sur l’é­coute et le chan­ge­ment. Il s’a­git d’é­cou­ter, d’é­cou­ter autrement ».

« Les musi­ciens alter­na­tifs pré­sentent dif­fé­rentes façons d’être sim­ple­ment du fait que nous ne sommes pas dans le monde cultu­rel popu­laire. Parce que la culture popu­laire est ani­mée par des mes­sages capi­ta­listes. Et, vous savez, si nous pou­vons créer un cadre et une com­mu­nau­té, en tant que musi­ciens, éga­le­ment avec le public, avec les gens, et le faire d’une manière qui pré­sente dif­fé­rentes façons d’être, je pense que c’est la meilleure chose que nous puis­sions faire. Il est dif­fi­cile de trou­ver un cadre pour être dif­fé­rent. Et ça a tou­jours été comme ça … Com­ment allons-nous créer des cadres, et y invi­ter des gens, qui seront plus sains que ce dont nous dis­po­sons ? même s’ils sont impar­faits ? Parce que c’est vrai­ment, vrai­ment dif­fi­cile de vivre une vie simple et intègre. Et dans notre sys­tème, cer­tains diraient impossible ».

« Ce serait très cool si les arts pre­naient l’i­ni­tia­tive d’ad­mettre exac­te­ment quelle était leur empreinte car­bone, vous savez, et de tenir tête à d’autres orga­ni­sa­tions. Qui sera le pre­mier fes­ti­val du Conseil des arts à dire que nous avons inuti­le­ment fait venir 20 per­sonnes par avion parce que c’est comme ça que nous travaillons ? ».

« L’une des expé­riences de pen­sée que j’ai faites en classe, qui a été très utile pour les gens, c’est d’i­ma­gi­ner que le prix du pétrole monte à 100 $ le litre, d’accord. Et donc, il n’est en fait plus pos­sible non seule­ment de par­tir en tour­née, mais il n’est aus­si plus pos­sible d’ob­te­nir vos anches sur Ama­zon. D’accord. Rien de tout cela n’est abor­dable. Rien de tout cela n’est acces­sible et à por­tée. Alors com­ment fait-on de la musique ? D’accord. Alors pour com­prendre, par exemple, que nous devons nous dépar­tir de nos pra­tiques capi­ta­listes colo­nia­listes, nous devons com­prendre, par exemple, que nous ne connais­sons pas les plantes et les ani­maux comme des musi­ciens et des amis. J’a­vais un élève dans ma classe qui était tel­le­ment épous­tou­flé par ça. Il a gran­di dans le New Jer­sey, famille d’im­mi­grants coréens, et il est cla­ri­net­tiste. Et il a ensuite essayé de com­man­der une plante de bam­bou sur Ama­zon et a essayé de faire pous­ser sa propre canne. Il ne savait pas com­bien de temps il fal­lait à la plante pour arri­ver à matu­ri­té. Il n’a aucune connais­sance, cela ne fait pas par­tie de son expé­rience. Et il pen­sait qu’il pour­rait le faire en tant que pro­jet final pour le cours d’i­ci la fin du semestre. Et cela dit il a fini par docu­men­ter le pro­ces­sus et son pro­ces­sus de décou­verte de ce qu’il ne savait pas. Seule­ment décou­vrir la révé­la­tion que ce qu’il ne connais­sait pas c’était sa rela­tion à la plante, sa rela­tion à la canne, sa rela­tion à son iden­ti­té, à ce qu’il étu­diait en tant que musi­cien, et était de fait … Mais je pense que c’é­tait assez libé­ra­teur parce qu’il n’a­vait plus à accep­ter que sa valeur en tant que musi­cien venait d’un sys­tème qui était déter­mi­né à le détruire. D’accord ? Donc, cela pour­rait signi­fier que vous faites des choses comme, peut-être, fabri­quer des ins­tru­ments à par­tir de déchets, comme des tubes d’es­suie-tout, ou peut-être que nous chan­tons sim­ple­ment ensemble. Peut-être que nous devons pen­ser de manière beau­coup plus créa­tive et beau­coup plus empa­thique à avec qui nous sou­hai­tons faire de la musique ».

 

Outils d’en­ga­ge­ment com­mu­nau­taire, cli­mat et arts

« J’al­lais évo­quer les outils Crea­tive Green … Et c’est inté­res­sant parce que ce n’est pas un outil par­fait, mais c’est tou­jours quelque chose. Et c’est inté­res­sant, parce que je tra­vaille pré­sen­te­ment dans un contexte rural et quand je regarde les ques­tions, beau­coup d’entre elles ne s’ap­pliquent pas à nous, à bien des égards. C’est vrai­ment des­ti­né à un contexte urbain autour de fes­ti­vals et d’ins­ti­tu­tions. Je pense que ce n’est qu’une ques­tion de temps avant qu’ils ne soient adop­tés par un cer­tain nombre de conseils des arts, donc c’est pos­sible que nous devions tous nous fami­lia­ri­ser avec [ces outils] bien­tôt. Et, vous savez, encore une fois, ce n’est peut-être pas un outil par­fait, mais c’est un pas en avant. Mais nous avons com­men­cé à cher­cher d’autres outils et ils ne relèvent peut-être pas des arts. Par exemple, l’une des choses dans les­quelles nous sommes le plus impli­qués est l’En­ga­ge­ment pour la dura­bi­li­té de la bio­sphère de la Thomp­son Oka­na­gan Tou­rism Asso­cia­tion (TOTA), qui n’est, encore une fois, pas un outil par­fait, mais qui est un moyen pour nous d’ac­cé­der à une for­ma­tion et à un déve­lop­pe­ment des com­pé­tences non négli­geables pour nous faire avan­cer. Et c’est par le biais d’un orga­nisme tou­ris­tique, non pas par une orga­ni­sa­tion artis­tique. Et donc, cer­tains autres réseaux sont peut-être un peu plus avan­cés que nous, et je pense que nous ne devons pas hési­ter à entrer en contact ou à recher­cher ces choses qui sont adja­centes ou qui nous parlent, mais qui ne sont pas néces­sai­re­ment entiè­re­ment adap­tées pour nous ».

« Dans Ima­go, de King of Chlo­ro­phyll, j’é­tais musi­cien dans l’en­semble, mais la pièce se dérou­lait à l’ex­té­rieur. Et c’é­tait cette jonc­tion inté­res­sante entre la musique et le cli­mat. La com­po­si­trice est arbo­ri­cul­trice, mais aus­si com­po­si­trice et musi­cienne. Et donc, nous étions là, seule­ment voi­là il y a le centre aéré et les enfants étaient là avec leurs machettes, à aider à net­toyer la zone. Et puis en tant que musi­cien, j’é­tais là à regar­der Kim, qui est dans les arbres en train de faire cette danse ins­pi­rée de la ton­nelle. Mais c’é­tait une confluence vrai­ment inté­res­sante, car avant de venir voir la pièce, les membres du public ont pu ren­con­trer les agri­cul­teurs locaux et par­ler de ce que nous culti­vons et de la façon dont nous le culti­vons. Et avant qu’ils ne découvrent l’œuvre artis­tique, j’ai l’im­pres­sion qu’il y avait une confluence de nom­breuses com­mu­nau­tés dif­fé­rentes. Et pour moi, en tant qu’ar­tiste, c’é­tait un exemple d’al­ler de l’a­vant et de par­ler de la terre sur laquelle nous nous trou­vons, et de très belles façons ».

 

Culti­ver les rela­tions les uns avec les autres et avec l’environnement

« Et juste offrir une petite anec­dote, à savoir que plus de vies sont sau­vées, dans les catas­trophes natu­relles, cli­ma­tiques ou autres, plus de vies sont sau­vées par de simples citoyens que par les pre­miers inter­ve­nants ou par les poli­tiques gou­ver­ne­men­tales. Donc, ce sont ces rela­tions qui nous sauvent les uns les autres. Et ces rela­tions sont ce que nous devons iden­ti­fier et défendre » 

« J’en­tends tel­le­ment qu’il s’agit seule­ment des humains. Il ne s’a­git pas des arts. Et ça ne m’é­tonne pas tel­le­ment, mais en même temps, c’est une situa­tion inté­res­sante que ce groupe de per­sonnes se ras­semble en fonc­tion de leur pra­tique artis­tique ou de leur rap­port à des fina­li­tés artis­tiques et finisse par dis­cu­ter d’hu­ma­ni­té et de crises ou, par manque d’un meilleur mot, des pro­blèmes émer­gents que nous voyons, sous des angles très différents ».

 

Logis­tique de tour­nées et de repré­sen­ta­tions avec une conscience climatique

« Je pen­sais à cela, en tant que musi­cien, quand, fran­che­ment, je suis sur une tour­née finan­cée par une sub­ven­tion, sor­tant d’un concert qui n’a peut-être pas été très média­ti­sé et que 15 per­sonnes se sont pré­sen­tées. La réa­li­té est que c’est un tel gas­pillage de res­sources et d’empreinte éco­lo­gique, mais le fait est que dans ce que nous fai­sons, il est vrai­ment impor­tant de ras­sem­bler les gens. Donc, je pense tou­jours qu’il y a une sorte de via­bi­li­té là-dedans ».

« L’une des autres choses aux­quelles je pen­sais, en termes de fes­ti­vals de jazz au Cana­da, qui est en fait une chose cool, c’est que nous avons consciem­ment essayé de trou­ver un iti­né­raire. Quand ces concerts sont pro­po­sés à quel­qu’un, ils sont impor­tants pour la car­rière des gens. Et si vous avez cette tour­née folle, cet iti­né­raire, vous l’ac­cep­te­rez. Il est donc de notre res­pon­sa­bi­li­té d’es­sayer de dire ‘Hey, Cal­ga­ry, ça te dérange si on inter­ver­tit sim­ple­ment les dates, des petites choses comme ça, pour que ce soit plus viable pour tout le monde ?’ ». 

« C’est l’im­pos­si­bi­li­té d’une situa­tion dans laquelle nous nous trou­vons où il nous faut être deux mondes. Donc, comme vous le dites, vous devez prendre l’a­vion pour faire le concert, parce que vous en avez besoin. Vous vous ren­dez à une confé­rence en avion parce que vous avez besoin d’une com­mu­ni­ca­tion sou­te­nue, vous avez besoin d’une inter­ac­tion en face à face. Vous devez pré­pa­rer la conver­sa­tion. Donc, nous sommes constam­ment pié­gés dans ce genre de cycles qui consiste à dire : « Est-ce que je fais ce qu’il faut ? Est-ce que c’est cor­rect ? » Et je pense que ce qui me fait rire, c’est en quelque sorte l’ab­sur­di­té kaf­kaïenne de ce moment où nous essayons de nous rai­son­ner mora­le­ment à l’in­té­rieur d’un sys­tème qui se fait une joie de nous faire tour­ner en rond ». 

« Mon point de vue est : choi­sis­sez vos batailles. Il existe des formes d’art extrê­me­ment puis­santes. Ce sont les choses qui peuvent trans­for­mer la psy­ché des gens et l’empathie et tout ça. Donc, je pense que nous devons faire tout notre pos­sible pour pal­lier cela afin de pour­suivre notre tra­vail, car ce que nous devons faire c’est sor­tir de ce sys­tème insen­sé dans lequel nous vivons. Et ce ne sera pas facile. En fait, c’est pro­ba­ble­ment impos­sible. Mais il va fal­loir avan­cer. » 

« Vous savez qui a la plus grande empreinte car­bone sur les grands fes­ti­vals de musique ? Les gens qui viennent aux fes­ti­vals de musique, pas les gens qui s’y pro­duisent. C’est tout le monde qui se rend au fes­ti­val ». 

« Pour moi, c’est cela qui revient tou­jours, et je suis tout à fait d’ac­cord avec vous sur cette iro­nie du cycle, sur l’i­dée de ce qu’est le suc­cès. Le mot suc­cès, bien sûr, est pro­blé­ma­tique aus­si. Mais on entend dire qu’il faut aller à Mont­réal, pour­quoi faut-il aller à Mont­réal ? Parce que le sys­tème dit cela. C’est quelque chose qui signi­fie que vous avez « réus­si ». Et dans un sys­tème où vous devez réus­sir pour obte­nir le finan­ce­ment, vous devez aller en fes­ti­vals. Et pour aller en fes­ti­vals, vous devez avoir le finan­ce­ment. Et pour que le fes­ti­val vous pré­sente, il faut avoir un public. Et pour se créer un public, il faut avoir des finan­ce­ments. Et c’est ce cycle constant. Donc pour moi, il s’a­git de récits et, si une his­toire dif­fé­rente est racon­tée et que vous pou­vez vous iden­ti­fier à cette his­toire, cela valide quelque chose pour vous en tant qu’in­di­vi­du. Cela valide quelque chose qui est com­mu­nau­taire. Et même en enten­dant ces idées de 13 per­sonnes qui se pré­sentent à un concert, pour­quoi est-ce un pro­blème ? Cela ne doit pas être un pro­blème. Il y a un récit à ce sujet à la fois pour l’ar­tiste qui se pro­duit et aus­si pour le spec­ta­teur qui se pré­sente et pense, ‘pour­quoi suis-je ici, s’il n’y a que 13 personnes ?’ ».

 

Le pou­voir de la loca­li­té et de l’ac­tion locale

« Pour répondre à votre ques­tion, que peuvent faire le RCMN et les autres orga­nismes, la semaine der­nière en Flo­ride, il y avait une per­sonne de Parcs Cana­da qui était là à cause de l’é­co­lo­gie et elle a dit : ‘nous avons vrai­ment besoin de vivre local’. Vous savez, cela semble être une chose évi­dente, n’est-ce pas ? Donc, je pense qu’il faut un conseil d’Ot­ta­wa, n’est-ce pas, même si j’ai long­temps tra­vaillé au Conseil des Arts du Cana­da. Donc, je pense que nous devrions conti­nuer ces conver­sa­tions ici d’une façon ou d’une autre, et intro­duire plus de gens dans le cercle, racon­ter des his­toires. Oui, de bonnes his­toires. Mais aus­si par­ta­ger des outils. Main­te­nant qu’il y a cer­taines choses qui fonc­tionnent, ame­nez quel­qu’un de Crea­tive Green ici. Ici à Otta­wa, nous nous sen­tons concer­nés. Nous vou­lons faire avan­cer les choses. Nous sommes conscients des faits et cela me fait du bien de pen­ser que nous puis­sions tra­vailler ensemble, et nous ne sommes pas obli­gés de le faire mais je pense que nous le vou­lons toutes et tous. Je pense que nous ne savons tout sim­ple­ment pas com­ment et à quel point ce n’est pas difficile ».

« J’aime vrai­ment ça et j’en veux encore plus. Parce que j’ai l’im­pres­sion qu’au jour le jour, je suis un peu dans un mode sur­vie, genre [uni­que­ment concen­tré sur] la sta­bi­li­té éco­no­mique. C’est vrai­ment ce dont notre conseil d’ad­mi­nis­tra­tion parle, bien plus que du cli­mat, vous savez, ou toute autre ques­tion. Donc, plus nous fai­sons des choses comme ça, plus je repar­ti­rai avec cela pour retour­ner direc­te­ment au bureau avec cela à l’esprit, d’ac­cord, et nous pou­vons agir ».

Rencontre de Brandon

Date : le 21 avril 2023
Lieu : Queen Eli­za­beth II Music Buil­ding, Bran­don, MB R7B 1L6
Co-dif­fu­seur : Eck­hardt-Gram­ma­té Natio­nal Music Com­pe­ti­tion 

La ren­contre de Bran­don s’est ouverte par une recon­nais­sance du ter­ri­toire par la direc­trice du Concours E‑Gré, Megu­mi Masa­ki, qui est éga­le­ment membre du conseil d’ad­mi­nis­tra­tion du RCMN. Elle a encore une fois été sui­vie d’une courte pré­sen­ta­tion du pro­jet Ave­nirs éco-res­pon­sables et du ras­sem­ble­ment natio­nal à venir, par la Direc­trice Géné­rale du RCMN, Ter­ri Hron. Cette der­nière a de nou­veau fait réfé­rence aux trois modes d’implication de SCALE/LeSaut et elle a fait un court rap­port des deux évé­ne­ments pré­cé­dents. Par la suite, nous avons invi­té les par­ti­ci­pants dans le cercle à se pré­sen­ter et à nous faire part de leurs réflexions sur la manière dont la dura­bi­li­té se recoupe avec leur pra­tique et leur vie artis­tique. 

Bien que plu­sieurs par­ti­ci­pantes et par­ti­ci­pants à cette réunion étaient là en tant que concur­rents ou artistes invi­tés, nous avons été tou­chés par la géné­ro­si­té de leurs réponses et c’é­tait spé­cial d’a­voir autant de points de vue de jeunes artistes au début de leur car­rière. Les sujets qui ont été abor­dés comprenaient :

  • L’empreinte car­bone cachée des acti­vi­tés et sites en ligne ;
  • L’intensité de l’ur­gence cli­ma­tique pour les jeunes ;
  • Finan­ce­ment insuf­fi­sant pour des mesures de dura­bi­li­té, en plus de tout le reste – d’où vien­dra le budget ?
  • Les actions et choix de vie sont tout autant/plus impor­tants que les choix artistiques ;
  • La plu­part des mesures et poli­tiques de dura­bi­li­té sont conçues pour les réa­li­tés urbaines plu­tôt que rurales ;
  • Avons-nous oublié toutes les leçons tirées du ralen­tis­se­ment lié à la COVID ?
  • Fau­drait-il s’at­tendre à ce que les artistes en début de car­rière refusent des concerts qui néces­sitent des dépla­ce­ments, alors qu’ils essaient sim­ple­ment de lan­cer leur car­rière ? Qu’est-ce qui est juste à cet égard ?
  • Le local est ce qui est dis­po­nible. Tout ne doit pas se pro­duire partout ;
  • Nous devons chan­ger notre état d’es­prit et nos valeurs concer­nant les talents locaux et le nombre de spectateurs.

« Lorsque nous par­lons de dura­bi­li­té, et en rela­tion avec l’en­vi­ron­ne­ment en par­ti­cu­lier, oui, nous res­sen­tons la levée de bou­clier de nos agences gou­ver­ne­men­tales qui nous financent, et elles pro­duisent des ques­tions comme, d’ac­cord, pou­vez-vous nous par­ler de votre audit envi­ron­ne­men­tal. Et donc nous avons fait quelques petites choses en interne en tant qu’or­ga­ni­sa­tion. Et éton­nam­ment, je n’ai même pas pen­sé ou je n’a­vais pas com­pris que les sites Web avaient une empreinte envi­ron­ne­men­tale. Et c’est là que j’ai vrai­ment com­men­cé à pas­ser à l’action, parce que j’ai vu com­ment, en un sens, il était consi­dé­ré comme un site très pol­lué, et non pas du point de vue du conte­nu, mais juste du fait qu’il ait un impact ». 

« Lorsque vous enten­dez les jeunes par­ler de l’im­pact envi­ron­ne­men­tal sur leurs vies et de com­ment ils envi­sagent l’a­ve­nir, c’est à ce moment-là que vous bou­gez vrai­ment pour faire quelque chose. Et le voir s’exprimer à tra­vers leur art et par­ta­gé publi­que­ment signi­fie que, si je ne peux pas faire assez pour moi-même, je dois faire quelque chose pour qu’il y ait un ave­nir pour ces jeunes gens ». 

« Quand j’en­tends le mot durable, chaque tra­vailleur cultu­rel se recro­que­ville, car il n’y a pas assez de finan­ce­ment pour que nous puis­sions conti­nuer sur cette voie. Et alors que nous enca­drons les jeunes dans ces rôles, quelque chose doit chan­ger, l’éner­gie doit chan­ger, nous devons tra­vailler dif­fé­rem­ment, nous devons pen­ser dif­fé­rem­ment. Et c’est vrai­ment en train de deve­nir un far­deau psy­cho­lo­gique, parce que je dois sou­te­nir des indi­vi­dus, mais aus­si recon­naître que l’argent dimi­nue, tous les moyens pour mili­ter pour l’es­pace artistique ».

« En termes de dura­bi­li­té, la pre­mière chose qui me vient à l’es­prit est que j’ai gran­di dans une ferme bio­lo­gique, où mon père était très impli­qué dans de nom­breuses orga­ni­sa­tions et pro­jets dif­fé­rents, comme la dura­bi­li­té de la ferme et com­ment conti­nuer de fonc­tion­ner tout en redon­nant à la terre pour ne pas l’é­pui­ser. Mais aus­si, faire des choix de vie et diverses autres choses. Donc, j’a­borde les choses plu­tôt de ce point de vue, d’a­voir ce rap­port per­son­nel d’être en pleine nature, d’être sur le ter­rain, de prendre soin des ani­maux, des récoltes et des choses. Donc, en ce qui concerne la façon dont cela se recoupe avec la musique et avec ce que je fais sur ce plan-là, il n’y a cer­tai­ne­ment pas encore eu beau­coup de recou­pe­ments pour moi. Cepen­dant, il y a beau­coup de choses que nous pou­vons faire pour aller de l’a­vant et je suis curieux d’ex­plo­rer davan­tage ces choses, mais je n’ai tout sim­ple­ment pas beau­coup d’affinités encore une fois ». 

« Quelque chose qui m’est venu à l’es­prit ces der­niers temps, à la fois en termes de dura­bi­li­té artis­tique et de dura­bi­li­té envi­ron­ne­men­tale, vient du fait que j’ai gran­di dans une zone rurale et j’ai démé­na­gé et vécu dans de nom­breuses villes du Cana­da. J’ai alors réa­li­sé que beau­coup de solu­tions qui ont du sens dans la RGT ou dans d’autres villes ne sont pas tou­jours dis­po­nibles dans les régions rurales de la Sas­kat­che­wan, et j’es­saie sim­ple­ment de com­prendre com­ment nous pou­vons inclure tout le pays dans ces conver­sa­tions et pas seule­ment pen­ser à ce que les gens de Toron­to peuvent faire pour aider. Je pense que c’est mer­veilleux, ces conver­sa­tions qui se déroulent ici ». 

« En tant que créa­teur, en ce qui concerne la dura­bi­li­té, une chose à laquelle je pense beau­coup semble être assez liée à l’en­ga­ge­ment com­mu­nau­taire. Et parce que je suis musi­cien, l’i­dée de la musique pos­sède une sorte de vec­teur de com­mu­ni­ca­tion. Je réflé­chis donc au type d’in­for­ma­tion que la musique est poten­tiel­le­ment effi­cace à com­mu­ni­quer et à ce qui est per­ti­nent en cela ». 

« Je pense que ceux d’entre nous qui ne sont pas musi­ciens ou artistes seront per­dus. Parce qu’il n’y a rien de mieux que d’al­ler à un concert ou d’entendre des musi­ciens. Regar­der l’art et cela change votre pers­pec­tive, tend à vous don­ner de l’es­poir, implique un sens esthé­tique, et donc très impor­tant pour moi ». 

« Je pen­sais, d’ac­cord, quand la neige aura fon­du, je vais ramas­ser les ordures. Par­fois, je marche avec mes petits-enfants, je prends un sac pou­belle et je ramasse sim­ple­ment les ordures. C’est vrai­ment dif­fi­cile de savoir quoi faire. Mais je pense d’ac­cord, c’est une chose que je peux faire ». 

« Pour moi en ce moment, il y a un énorme chaos dans ma tête. Quand je pense que je sais ce que je fais et que je contri­bue à faire quelque chose de posi­tif, je remonte la pente et je fais face à plus de ques­tions et plus d’an­xié­té et encore plus de ques­tions. Je trouve que plus j’en fais, plus je suis confus. Et cela pour­rait aus­si être en par­tie la rela­tion que j’ai avec la terre ».

« Julie’s Bicycle ont créé ces outils mer­veilleux pour mesu­rer votre empreinte car­bone. Et quand j’u­ti­lise ces outils, je me sens très anxieux, car je peux voir com­bien je consomme et quelle est l’ampleur de mon empreinte et la façon dont je l’é­qui­libre. Et com­ment je l’ai équi­li­bré, c’est en créant des pro­jets qui sen­si­bi­lisent aux chan­ge­ments cli­ma­tiques et en uti­li­sant la force et le pou­voir émo­tion­nel de la musique et de l’art pour mettre en son et créer une col­lec­tion pour les audi­teurs et les inter­prètes sur les don­nées scien­ti­fiques qui ont été ras­sem­blées sur la crise cli­ma­tique. C’est donc une façon qui m’a per­mis de l’assimiler per­son­nel­le­ment ». 

« Je pense que nous avons tous eu beau­coup de temps pour réflé­chir à la dura­bi­li­té, à la fois artis­ti­que­ment et éco­lo­gi­que­ment, à cause de la COVID. Et il y a des choses très posi­tives à rete­nir de cela. J’ai eu une conver­sa­tion avec des artistes pas plus tard qu’­hier. Nous par­lions de la façon dont le monde s’est arrê­té et dont il est repar­ti à pré­sent, mais c’est comme 1000 fois accé­lé­ré. Et je me demande si ce n’est pas le moment pour ce genre de conver­sa­tions, d’a­voir appris que l’en­vi­ron­ne­ment avait une chance de gué­rir pen­dant ces deux années où tout le monde ne pre­nait pas l’avion et que tout le monde n’était pas occu­pé par toutes sortes d’ac­ti­vi­tés. Et main­te­nant, j’y suis confron­té et j’en­tends dire par des col­lègues que c’est tel­le­ment ampli­fié à pré­sent, que nous allons faire à nou­veau tous ces dégâts et de manière encore pire, parce que nous avons aus­si hâte de reprendre le travail ».

 

« Quand est-il bon de dire non, c’est une chose que j’ai apprise bien trop tard. En tant que jeunes artistes, nous avons ten­dance à dire oui à tout parce que nous sommes tel­le­ment recon­nais­sants lorsque cette oppor­tu­ni­té se pré­sente. Mais une chose à rete­nir, peut-être, est qu’est-ce qui est le plus pré­cieux pour vous ? Qu’est-ce qui a le plus d’im­pact sur votre car­rière ? ». 

« Les dif­fu­seurs et les inter­prètes doivent vrai­ment se deman­der s’ils doivent faire ce concert là-bas ? Existe-t-il d’autres moyens de dif­fu­ser leur art ? Cela peut-il être pris en charge de manière appro­priée ? Par des orga­nismes artis­tiques ? Je sais que dans les uni­ver­si­tés, cela a été une vaste ques­tion. Car tra­di­tion­nel­le­ment, les évé­ne­ments inter­na­tio­naux sont plus appré­ciés que les évé­ne­ments locaux. Mais devraient-ils l’être ? Vous pour­riez faire valoir que l’en­ga­ge­ment de la com­mu­nau­té locale est tout aus­si béné­fique. Et que nous ne devrions peut-être pas tou­jours consi­dé­rer les acti­vi­tés inter­na­tio­nales et bran­chées comme acti­vi­té de pre­mier plan. La même chose est valable, je pense, lorsque nous consi­dé­rons si les sym­pho­nies doivent faire venir des solistes de loin, alors qu’il y a des solistes par­fai­te­ment com­pé­tents loca­le­ment. Les com­pa­gnies d’o­pé­ra doivent-elles faire venir celles et ceux qu’elles pensent être les meilleurs au monde ? Et je pense que nous devons en quelque sorte chan­ger notre état d’es­prit sur le spec­tacle, tout le milieu du spec­tacle. Nous sommes dans un grand pays ».

« La ques­tion [de se concen­trer sur le local] se fait au pro­fit des grandes villes où il existe de mul­tiples res­sources. Qu’en est-il du reste d’entre nous ? Com­ment le reste d’entre nous peuvent-ils sou­te­nir la pra­tique artis­tique en étant uni­que­ment concen­trés sur le local, c’est quelque chose que je n’ai pas tout à fait com­pris. J’ai­me­rais avoir cette conver­sa­tion ». 

« Je ne savais pas quoi attendre de cette ren­contre ici aujourd’­hui. Cer­tai­ne­ment pas ça. Le chaos est un très bon mot. L’an­xié­té est un super mot. Le finan­ce­ment est un super mot. Local est un super mot ». 

« Je trouve que c’est un pro­blème par­ti­cu­liè­re­ment déli­cat, sur­tout pour les per­sonnes en début de car­rière. Je rêve d’arriver un jour à un moment de ma car­rière où je pour­rai refu­ser ce concert. Mais quand vous essayez juste de démar­rer, vous devez le faire, juste d’un point de vue finan­cier. Il y a cer­tai­ne­ment une pres­sion pour dire oui à tout et aus­si dans l’optique d’es­sayer de faire connais­sance avec des gens et de créer des liens ». 

« Je constate que tout le monde a posé cette ques­tion à tous les niveaux d’implication, qu’il s’a­gisse de rédi­ger ce contrat, de réser­ver la salle, de réser­ver le lieu. Si tout le monde disait sim­ple­ment, atten­dez une seconde, com­ment pou­vons-nous faire un embal­lage grou­pé pour que ce soit plus durable ? Je pense que ce serait le cas ».

« Donc, quand vous pen­sez aux affaires et à ce que vous pou­vez faire loca­le­ment, c’est incroyable quand vous com­men­cez à tenir l’affiche et de l’offrir non seule­ment aux grandes villes, mais aus­si aux petites, puis de deve­nir ces incroyables musiciens ».

« Je pense que pour moi, per­son­nel­le­ment, je suis très pré­oc­cu­pé par l’en­vi­ron­ne­ment et je consi­dère l’économat de la créa­tion comme une par­tie très impor­tante de mon être et de mon des­sein. Com­ment cela se recoupe avec ma musique, je ne pense pas qu’il y ait une ligne très défi­nie à ce stade ; cela sus­cite des pré­oc­cu­pa­tions. Et j’ap­pré­cie quand les sou­cis éco­lo­giques font par­tie du sujet. Je crains que beau­coup de nos efforts ne se trans­forment en culpa­bi­li­té et en anxié­té au lieu de chan­ge­ment. Donc, quand je pense à la dura­bi­li­té, je veux que cela com­prenne l’action qui rend les choses durables ». 

« Le défi du local est je pense aus­si le défi de ce que nous pen­sons devoir faire en termes de pres­ta­tion. Nous devons donc nous doter d’un qua­tuor à cordes. Donc, nous devons avoir un opé­ra. Peut-être que la musique que nous fai­sons vient du lieu et des res­sources dont vous dis­po­sez, plu­tôt que d’in­sis­ter pour que nous ayons une com­pa­gnie d’o­pé­ra ou un centre d’or­chestre. Donc je pense que c’est quelque chose qui fait peut-être par­tie de la ques­tion. Le local c’est ce qui est là ». 

« Et pen­dant la pan­dé­mie, il y a eu ce phé­no­mène étrange où tout ce que nous pou­vions faire peut se rendre n’im­porte où, etc. Mais tout à coup, ces col­la­bo­ra­tions se pro­duisent entre des per­sonnes, alors qu’elles n’auraient jamais eu lieu. Ce sont en fait des choses très posi­tives et inno­vantes qui en sont res­sor­ties, dont cer­taines conti­nuent encore, la dif­fu­sion de concerts, etc. Mais les gigan­tesques parcs de ser­veurs qui cor­rompent nos don­nées par­tout dans le monde pour nos concerts, nos cour­riels pour mettre en place ce concert, etc. etc. sont très pol­luants. C’est très pol­luant. Donc c’est un vrai point anxio­gène, c’est que fon­da­men­ta­le­ment là où nous en sommes arri­vés, et ce ne sont pas seule­ment les artistes, c’est toute la socié­té et la culture, le monde, le monde humain, c’est que nous avons mis en place une infra­struc­ture qui semble extrê­me­ment dif­fi­cile à trans­for­mer ». 

« Wayne [Shor­ter] a vu que le rôle des artistes est d’é­qui­li­brer la socié­té. Et cer­taines per­sonnes com­pa­re­raient cela, dans d’autres socié­tés, au rôle du cha­man, pour expli­quer les choses à la com­mu­nau­té … Alors Wayne par­le­rait de jouer ou d” écrire de la musique qui soit le monde que vous vou­lez voir. Jouez vos rêves ». 

« Je pense qu’il n’y a pas de com­mu­ni­ca­tion qui ne nuise pas du tout à l’en­vi­ron­ne­ment, à part celle que nous avons en ce moment. Et même là, nous avons les lumières allu­mées. Et nous conti­nuons de par­ler, mais je pense que c’est à peu près aus­si faible en car­bone que pos­sible. Comme toutes les autres formes de com­mu­ni­ca­tion, de com­po­si­tion, de créa­tion de nota­tion ». 

« Je ne suis d’ac­cord avec la nota­tion occi­den­tale en aucun point. Je pense juste que c’est un sys­tème désuet, bien qu’encore une fois mon sys­tème fami­lial était beau­coup plus désuet. Ma grand-mère était très com­mu­ni­ca­trice et tout se trans­met­tait ora­le­ment. Et donc je donne à mes étu­diants la pos­si­bi­li­té de faire des choses comme ça, dans des cercles de parole, et des options pour créer de la musique sans par­ti­tion ou créer de la musique qui ne néces­site pas 300 pages de nota­tion occi­den­tale pour com­mu­ni­quer avec quel­qu’un. Je pense qu’en tant qu’ar­tiste, nous devons com­mu­ni­quer ces idées sur le climat ».

« D’où vient votre argent ? Parce qu’ils sont un ensemble basé en Alber­ta. Et si j’en­ten­dais par­ler de pétrole, je ne vou­drais rien avoir à faire avec ça, parce que ce n’est pas durable et cela va com­plè­te­ment à l’en­contre de ma théo­rie. Alors pour­quoi aban­don­ne­rais-je mon inté­gri­té artis­tique pour cela. Et je sais que je suis aus­si en début de car­rière, mais je m’en fiche, je reste sur mes prin­cipes. Je pense donc que c’est ce que nous fai­sons au niveau local ». 

« Ce avec quoi j’ai vrai­ment eu du mal, c’est quel est l’engagement de la musique clas­sique dans l’en­vi­ron­ne­ment, au ser­vice de la pro­mo­tion d’un inté­rêt com­mun pour la pré­ser­va­tion de l’en­vi­ron­ne­ment et dans quelle mesure il s’a­git de rendre la musique clas­sique per­ti­nente. C’est donc quelque chose avec laquelle je suis aux prises en tant que musi­cien exé­cu­tant de la musique qui a été très liée aux pro­ces­sus de colo­nia­lisme. La rai­son pour laquelle, au Cana­da, je suis allé dans un conser­va­toire quand j’é­tais enfant et que j’ai étu­dié la musique clas­sique, est en grande par­tie liée au colo­nia­lisme. Et cela est étroi­te­ment lié aux dom­mages environnementaux ».

 « Et comme nous sommes tous des artistes ici, le pou­voir que nous avons est le pou­voir émo­tion­nel de la musique, peu importe ce que nous fai­sons et com­ment nous le fai­sons, et à quel point c’est gros­sier ou non. Mais nous avons le pou­voir d’être des direc­teurs artis­tiques, aus­si des audi­teurs, de grands audi­teurs, mais des direc­teurs artis­tiques dans le fait de faire de l’art et puis de deman­der au public com­po­sé d’autres musi­ciens d’étudier ce que nous chan­tons, jouons et com­ment nous écou­tons cela, et com­ment cela, espé­rons-le, nous rem­pli­ra tous d’es­poir et de joie. Pour que nous ayons la force d’a­gir ». 

« Pour­quoi aller en Alle­magne pour un concert de 100 per­sonnes a plus de valeur que le concert de Bran­don pour 100 per­sonnes ? Et je pense que nous devons en quelque sorte chan­ger notre état d’es­prit sur les per­sonnes avec les­quelles nous échan­geons et avec les­quelles nous com­mu­ni­quons. Et peut-être repen­ser les valeurs qui y sont associées ».

Rencontre de Vancouver

Date : le 23 mai 2023
Lieu : Cana­dian Music Centre BC, 837 Davie St, Van­cou­ver, BC V6Z 1B7
Co-dif­fu­seur : Cana­dian Music Centre BC

 La ren­contre de Van­cou­ver a été gra­cieu­se­ment orga­ni­sée par le Centre de musique cana­dienne, région de la Colom­bie-Bri­tan­nique. La Direc­trice Géné­rale du RCMN, Ter­ri Hron, a ouvert la ren­contre et DB Boy­ko a res­pec­tueu­se­ment offert une recon­nais­sance du ter­ri­toire. Une fois de plus, Ter­ri a don­né un aper­çu du pro­jet Ave­nirs éco-res­pon­sables, un résu­mé des ren­contres pré­cé­dentes et quelques détails sur l’é­vé­ne­ment natio­nal à venir. Par­mi les par­ti­ci­pants figu­raient de nom­breux artistes de Van­cou­ver dont le tra­vail recoupe ou se concentre sur les ques­tions envi­ron­ne­men­tales, ain­si que des repré­sen­tants des prin­ci­paux dif­fu­seurs de musique nou­velle. La grande majo­ri­té de notre temps a été consa­crée à chaque per­sonne, par­ta­geant leurs anté­cé­dents et leurs prin­ci­pales préoccupations/expériences en matière de dura­bi­li­té et de rési­lience. 

Les thèmes qui ont été abor­dés comprenaient :

  • Col­la­bo­ra­tion avec les envi­ron­ne­ments et les habi­tats natu­rels et si et/ou com­ment les inté­grer dans les lieux culturels ;
  • La dura­bi­li­té en tant que pra­tique holis­tique, en oppo­si­tion à la logique de sur­vie. La san­té et le repos entrent par­fois en conflit avec des loyers exor­bi­tants et la pres­sion d’ac­cep­ter un tra­vail qui pour­rait avoir des aspects moins durables, tels des longs déplacements ;
  • Le cha­grin et l’an­xié­té liés au cli­mat peuvent être dépri­mants. Les pro­blèmes de san­té men­tale aug­mentent. Com­ment pou­vons-nous les trans­for­mer par la créativité ?
  • Com­ment avan­cer quand toutes les pro­duc­tions semblent créer autant de déchets ?
  • Détri­co­tage et désap­pren­tis­sage per­son­nel et orga­ni­sa­tion­nel au quotidien ;
  • Les pra­tiques d’é­coute comme anti­dote à la pen­sée partisane ;
  • Com­ment reca­drer les com­pé­tences et les pra­tiques ensei­gnées à par­tir d’une men­ta­li­té colo­niale vers quelque chose qui puisse conti­nuer à nous servir ?
  • Qu’est-ce que la com­mu­nau­té ? Est-ce que cela existe pour pro­té­ger ce que nous avons ou pour encou­ra­ger à tra­vailler avec moins et à renon­cer à l’individuel pour le bien de tous ? Qui est dans la communauté ?
  • Se libé­rer de la logique de rare­té et de pré­ca­ri­té (par le biais du reve­nu de base ou du contrôle des loyers) per­met­tra aux gens/artistes d’a­voir plus d’es­pace pour se connec­ter à leur environnement ;
  • Embras­ser le local. Par­ta­ger des res­sources : Col­lecte de fonds cen­trée sur la com­mu­nau­té ;
  • Les conseils des arts consacrent-ils la majo­ri­té de leurs res­sources à des pro­jets durables (c’est-à-dire les orchestres sym­pho­niques et les com­pa­gnies d’o­pé­ra) ou pensent-ils pou­voir for­cer les grandes orga­ni­sa­tions actuel­le­ment moins durables à amé­lio­rer leur empreinte car­bone ? Com­ment créer le dia­logue avec eux ?

« Depuis que je suis de plus en plus rem­pli de ce besoin de venir m’en­ga­ger dans l’ur­gence cli­ma­tique et en par­ti­cu­lier la des­truc­tion de l’ha­bi­tat sau­vage par des sources anthro­piques, j’ai en quelque sorte dépla­cé mon atten­tion main­te­nant vers l’ha­bi­tat. Et donc une grande par­tie du tra­vail que je fais main­te­nant concerne les habi­tats locaux tels que les forêts urbaines, et aus­si sau­vages, voire anciennes. Et cela implique de tra­vailler avec des forêts spé­ci­fiques qui se trouvent sur le bloc de coupe. Pour moi, il est vrai­ment essen­tiel de gagner un peu plus d’é­lan pour la pré­ser­va­tion des forêts et des arbres, car si nous ne les aidons pas, elles ne nous aide­ront pas avec le cli­mat. Vous savez donc que les forêts et les arbres sont d’ex­cel­lents puits de car­bone, en plus d’être un habi­tat incroyable pour la bio­di­ver­si­té. Et nous savons à pré­sent que les forêts de la Colom­bie-Bri­tan­nique étaient autre­fois des puits de car­bone, mais main­te­nant elles sont en fait des sources de car­bone, car il y a eu tel­le­ment d’ex­ploi­ta­tion fores­tière et par­ti­cu­liè­re­ment de coupes à blanc ». 

« J’ex­plore quels évé­ne­ments sonores peuvent être créés, soit dans une forêt avec des arbres, donc plu­tôt une sorte d’ap­proche col­la­bo­ra­tive, mais ces méthodes peuvent éga­le­ment être adap­tées à des situa­tions en inté­rieur qui nous sont plus fami­lières, comme les gale­ries et salles de spec­tacle ». 

« La dura­bi­li­té au sens holis­tique, dans ma pra­tique, concerne beau­coup de petites choses, comme avoir un sys­tème pour recy­cler, réuti­li­ser les maté­riaux, comme créer et par­ta­ger des choses. Essayez éga­le­ment de pen­ser à la dura­bi­li­té en termes de san­té, que si vous n’a­vez pas la san­té et du repos, du temps et de l’es­pace, vous ne pou­vez pas prendre de déci­sions qui tiennent compte des résul­tats ou des effets de vos choix sur d’autres per­sonnes et artistes pour entrer dans une logique de sur­vie. Il est vrai­ment dif­fi­cile de consi­dé­rer les choses au-delà de vous-même, parce que vous vous déme­nez pour payer le loyer ou pour vous rendre au pro­chain concert ou pour sai­sir la pro­chaine oppor­tu­ni­té. Donc, à cet égard, je pense que des conver­sa­tions comme le reve­nu uni­ver­sel pour­raient don­ner aux artistes beau­coup de flexi­bi­li­té dans la conver­sa­tion sur la dura­bi­li­té. Je pense que c’est aus­si que vous par­lez dans une posi­tion pri­vi­lé­giée lorsque vous êtes capable, par exemple, de dire non au voyage en avion pour ce concert en fes­ti­val pour un jour ou deux. Et donc les artistes se retrouvent sou­vent coin­cés à sai­sir des oppor­tu­ni­tés qui ne fonc­tionnent pas néces­sai­re­ment pour nous ».

« J’ai remar­qué au fur et à mesure que ma car­rière se déve­lop­pait, qu’il m’é­tait plus facile d’a­voir des oppor­tu­ni­tés à l’é­tran­ger. Sou­vent, il est plus facile d’ob­te­nir des concerts à New York ou à San Fran­cis­co, à tra­vers le pays, que d’ob­te­nir quelque chose en ville. Et donc je pense qu’il y a encore vrai­ment un attrait pour les artistes de l’ex­té­rieur de la ville. Je suis ravi d’ap­prendre qu’il pour­rait y avoir des chan­ge­ments en termes de fes­ti­vals et de pro­grammes. Parce que je pense qu’il y a beau­coup de place pour embras­ser et explo­rer ce qu’il y a dans nos com­mu­nau­tés avant de faire venir des artistes ». 

« Il y a beau­coup d’an­xié­té cli­ma­tique, beau­coup de pro­blèmes de san­té men­tale en ce moment, autour du cli­mat évi­dem­ment, et ce qui me saute aux yeux, c’est sim­ple­ment d’être maman d’un jeune enfant et d’es­sayer d’i­ma­gi­ner l’a­ve­nir ». 

« Mon der­nier pro­jet com­pre­nait des thèmes envi­ron­ne­men­taux très forts. Je fai­sais des recherches sur les baleines et j’as­so­ciais cha­grin cli­ma­tique et his­toires fami­liales. Beau­coup de l’an­xié­té et du cha­grin liés au cli­mat sont appa­rus lors de la créa­tion de ce pro­jet. Et, bien sûr, c’é­tait super de mettre ça dans un pro­jet, mais à la fin, ça ne finit jamais. Vous pou­vez l’exprimer dans un pro­jet, vous pou­vez l’ex­plo­rer, vous pou­vez essayer de tra­vailler sur quelque chose, mais je me retrouve à nou­veau, dans ces moments, presque para­ly­sé avec ça. Et donc je suis vrai­ment inté­res­sé en ce moment d’essayer de trou­ver un moyen de trans­for­mer cette anxié­té para­ly­sante en action. Parce que c’est là que c’est juste beau­coup plus pro­duc­tif et utile pour tout le monde, et aus­si un état d’esprit plus créa­tif, où c’est plus confor­table pour tout le monde et peut réel­le­ment créer du chan­ge­ment. Je pense donc que tra­vailler avec les émo­tions et des choses comme ça, et essayer de chan­ger à la fois per­son­nel­le­ment, créa­ti­ve­ment et orga­ni­sa­tion­nel­le­ment, est très utile ».

 « Je m’in­té­resse à la façon de faire avan­cer les choses dans une orga­ni­sa­tion, car chaque fois que nous fai­sons quelque chose, il semble qu’il y ait tel­le­ment de gas­pillage. Et encore une fois, com­ment pou­vons-nous créer des choses sans uti­li­ser des choses et ajou­ter une couche au pro­blème ? ». 

« Je suis dans cette phase de me défaire de tout ce que j’ai jamais appris. A savoir, je n’ar­rête pas de dire que mon mot pré­fé­ré est d’être incer­tain. Le désap­pren­tis­sage est vrai­ment dif­fi­cile parce que vous devez vous remettre en ques­tion chaque jour et cela vous fait vous sen­tir vivant et c’est décon­cer­tant en même temps, mais je pense que c’est la seule façon de faire des chan­ge­ments, c’est d’être dans cette zone ». 

« Ce que je fais prin­ci­pa­le­ment dans tous ces domaines, tant per­son­nels qu’ins­ti­tu­tion­nels, c’est d’essayer de favo­ri­ser une sorte d’ac­ti­visme poli­tique qui ne soit pas lié à une posi­tion par­ti­sane ou à un mode de pen­sée idéo­lo­gique, mais plu­tôt de retrou­ver, par des pra­tiques d’é­coute, une hon­nê­te­té, une com­mu­nau­té, une façon de vivre ensemble. Mais pas seule­ment en tant qu’­hu­main, mais dans un contexte de pers­pec­tives holis­tiques et éthiques, ce qui est en fait quelque chose que nous appre­nons de plus en plus lorsque nous prê­tons atten­tion aux phi­lo­so­phies et phé­no­mé­no­lo­gies indi­gènes. Cela signi­fie donc qu’au lieu d’émettre une opi­nion ou une idéo­lo­gie spé­ci­fique, plu­tôt créer des cadres pour que les gens aient la pos­si­bi­li­té d’é­cou­ter autre­ment, d’ac­ti­ver leurs corps et sens sonores par le mou­ve­ment, dans un cadre éco­lo­gique, dans un cadre d’é­coute, qui peut être un envi­ron­ne­ment – et pas néces­sai­re­ment un envi­ron­ne­ment natu­rel – parce que nous savons que nous pou­vons apprendre beau­coup de choses n’im­porte où. Et ce fai­sant, en créant, espé­rons-le, une plus grande prise de conscience dans la com­mu­nau­té. Les chan­ge­ments ne peuvent seule­ment se pro­duire si un plus grand groupe de per­sonnes est syn­chro­ni­sé sur des idées simi­laires et sen­si­bi­li­sé à la simi­li­tude. J’es­père que les gens pas­se­ront à l’action, que nous pas­se­rons à l’action. Nous n’a­vons pas besoin de dis­cours poli­tique, nous avons besoin d’un mode de vie qui valo­rise les manières de se recon­nec­ter à soi, où l’hu­main connaît les humains, les pierres, les plantes, les eaux, etc. Et donc tout cela est très uto­pique, mais c’est ce vers quoi j’es­saie de me connec­ter, dans tout ce que nous fai­sons maintenant ».

« La pan­dé­mie a été vrai­ment béné­fique, car en créant beau­coup d’a­lié­na­tion, elle a démon­tré le fait qu’en fait nous devons tra­vailler de façons beau­coup plus regrou­pées autour du par­tage, car il s’a­git de fra­ter­ni­té ou de soro­ri­té avec tout et n’im­porte quoi autour de nous ». 

« Tout ce que j’ai fait par le pas­sé, depuis ma jeu­nesse jus­qu’à cette idée de deve­nir musi­cien et com­po­si­teur, était gui­dé par une forme de pen­sée capi­ta­liste. Ce n’est pas gui­dé par l’i­dée de se concen­trer sur votre être comme une forme d’éner­gie qui peut être par­ta­gée et peut être pro­duite au pro­fit de tout le reste, pas seule­ment vous-même, mais la com­mu­nau­té dans laquelle vous vivez. Et cette pra­tique signi­fie que je dois réin­ven­ter toutes les choses que j’ai faites, reje­ter le dis­cours esthé­tique autour de la pra­tique que je fai­sais avant et, sans pour autant sacri­fier les com­pé­tences et les connais­sances que j’ai accu­mu­lées, rééva­luer toutes ces connais­sances, tech­niques et com­pé­tences sous un angle dif­fé­rent ». 

« Mais il existe d’autres moyens d’emmener les gens en balade, par les­quels ils seront, d’une cer­taine manière, plus à l’é­coute d’eux-mêmes et davan­tage capables de libé­rer leur angoisse d’a­voir à approu­ver ou à désap­prou­ver, une fois que les pro­ces­sus sont par­ta­gés et que le cadre n’est pas res­tric­tif. Et c’est en fait l’es­pace com­mun sur nos terres. Pas même nos terres, les terres et les océans. Et donc je veux favo­ri­ser davan­tage cette acti­vi­té et il a été ins­pi­rant de voir des gens venir sans qu’on leur dise de faire ceci ou cela et de leur per­mettre de décou­vrir leur propre che­min dans un espace qui pro­pose du mou­ve­ment sonore, des images ou sim­ple­ment de s’é­cou­ter les uns les autres ». 

« Une autre chose qui me frappe vrai­ment est l’accent local. Pour moi, avoir deux enfants, tout juste sor­tis de l’é­cole, m’a for­cé à deve­nir un artiste vrai­ment actif loca­le­ment. Je n’a­vais pas vrai­ment les moyens de com­prendre com­ment voya­ger avec de jeunes enfants. Et donc la majeure par­tie de ma car­rière a été vrai­ment axée sur le local. Cela a été un peu un obs­tacle, c’est sûr. Mais il y a aus­si un bon côté, à savoir que cette com­mu­nau­té est un endroit si riche. Et aus­si mon tra­vail est tel­le­ment enra­ci­né dans tout cela, dans cet endroit, cette nature. Et donc c’est une chose mer­veilleuse quand nous le com­pre­nons ». 

« En tant qu’or­ga­ni­sa­tion, nous dif­fu­sons et veillons à ce que les artistes, les orga­ni­sa­tions et les com­po­si­teurs locaux aient éga­le­ment un rôle majeur dans la façon dont nous struc­tu­rons nos sai­sons. Puisque nous par­lons d’in­ter­sec­tion­na­li­té et autre, d’un point de vue de la dura­bi­li­té, l’une des inter­sec­tions que j’ai remar­quées est la ten­dance actuelle avec les dona­tions et voir com­ment nous pou­vons réel­le­ment finan­cer cette acti­vi­té. Les dona­tions sont en baisse sur tous les dons de bien­fai­sance au cours des deux der­nières années et conti­nue­ront de bais­ser à mesure que l’é­co­no­mie change. Com­ment pou­vons-nous nous per­mettre de conti­nuer de détri­co­ter et remo­de­ler et de faire ce que nous vou­lons faire et com­ment nous vou­lons le faire de manière durable, si nous n’a­vons pas les fonds pour le faire. A savoir, en tant que déve­lop­peurs, et c’est l’une des inter­sec­tions, mais aus­si, à tra­vers la col­lecte de fonds cen­trée sur la com­mu­nau­té et ses prin­cipes direc­teurs. Je ne me sou­viens pas de toutes de mémoire, mais l’une des direc­tives prin­ci­pales est qu’il y a suf­fi­sam­ment de fonds pour tout le monde. Pour­quoi les gar­der pour soi, plu­tôt s’assurer que nous sommes capables de les répar­tir. Et en tant qu’or­ga­ni­sa­tion, nous pou­vons dire : ‘Nous vous encou­ra­geons éga­le­ment à faire des dons à d’autres orga­ni­sa­tions’ ». 

« Quand vous désas­sem­blez quelque chose au milieu, pou­vez-vous appe­ler cela du rive­tage ? Par­fois, il faut faire trem­per, rac­cor­der la pièce que l’on a défaite et la lais­ser reprendre forme avant de pou­voir pas­ser à autre chose. Donc, une par­tie de cela, le tri­co­tage pour reve­nir à quelque chose d’autre, demande beau­coup de temps, demande beau­coup d’éner­gie, demande beau­coup de concen­tra­tion et de vou­loir en faire quelque chose d’autre. Et donc je vois beau­coup de posi­tif, juste pou­voir avoir ces conver­sa­tions, et aus­si d’avoir tel­le­ment de ces conver­sa­tions en même temps sur l’i­dée de dura­bi­li­té, l’i­dée de jus­tice, d’é­ga­li­té, de diver­si­té, d’in­clu­sion et d’ac­ces­si­bi­li­té, mais éga­le­ment la récon­ci­lia­tion et sur l’i­dée de com­ment pou­vons-nous nous récon­ci­lier ou chan­ger ». 

« Le loyer est extrê­me­ment pro­blé­ma­tique. A pré­sent aus­si, prin­ci­pa­le­ment la nour­ri­ture, l’épicerie, tout. C’est donc un énorme nuage au-des­sus de ma com­mu­nau­té ici. C’est un pro­blème. Lorsque ces choses sont en place, qu’il y a de la sécu­ri­té, du confort et que les besoins de base sont pris en charge, alors nous pou­vons nous-mêmes plus faci­le­ment pas­ser plus de temps dans la nature. L’ar­tiste peut être plus connec­té à son envi­ron­ne­ment ». 

« J’ai beau­coup réflé­chi au cli­mat et à l’é­thique de ce que je fais, même à la façon dont mon ego est concer­né dans la pour­suite de cette car­rière. Je pense à l’é­thique des tour­nées. Autant j’ai­me­rais faire à nou­veau une tour­née en Europe, autant je trouve que c’est une chose épi­que­ment irres­pon­sable. Même une tour­née au Cana­da, un si grand pays. J’ai­me­rais quand même pou­voir faire des allers-retours. Mais encore une fois, je ne sais pas si c’est éthi­que­ment res­pon­sable de ma part de conti­nuer. Alors j’y pense tout le temps ».

« En pen­sant à la col­lecte de fonds cen­trée sur la com­mu­nau­té, com­ment per­mettre un plus grand recou­pe­ment des outils et des res­sources dont nous dis­po­sons. En pen­sant à la sécu­ri­té de l’ar­tiste : donc pour moi, juste en essayant de sur­vivre, j’ai en fait trou­vé assez dif­fi­cile de gagner assez d’argent et encore une fois, j’ai don­né beau­coup de ces stu­pides concerts sup­plé­men­taires, ce qui n’est pas pour me plaire. Mais on m’a fait voya­ger à Prince George et Kelow­na, Kam­loops et je me suis dit, pour­quoi y a‑t-il tous ces orchestres ? Pour­quoi tant d’argent est-il dépen­sé en frais d’avion ou en payant des musi­ciens de Van­cou­ver pour se rendre dans ces endroits ? Encore une fois, pour­quoi ? Et je com­prends que pour les com­mu­nau­tés qui vivent dans ces endroits, ce soit aus­si auto­suf­fi­sant ». 

« Cer­tains col­lègues du jury m’ont dit que pour cer­taines per­sonnes au Cana­da, Bee­tho­ven est un atout pour la culture cana­dienne. Et si vous regar­dez le bud­get de cette année, ce que le conseil dépense pour les orchestres sym­pho­niques et les com­pa­gnies d’o­pé­ra de cette pro­vince, cela repré­sente 85 % du bud­get de la musique ».

« 20 entre­prises dans le monde pro­duisent la majo­ri­té de la pol­lu­tion. Chaque fois qu’elles démo­lissent une mai­son à Van­cou­ver, c’est 70 tonnes ou plus de déchets qui vont à la décharge. Si je recycle toute ma vie – ce que je fais – ça n’y chan­ge­ra rien. Il faut un chan­ge­ment plus impor­tant que tout le monde fai­sant qu’une seule et unique chose. Nous ne sommes pas tirés d’af­faire pour autant, nous devrions quand même faire cette seule et unique chose. Mais nous devons nous unir et faire pres­sion sur les gros, gros pol­lueurs, parce que ce sont eux qui vont vrai­ment pou­voir faire la dif­fé­rence ». 

« Nous devons cher­cher un cadre com­plè­te­ment dif­fé­rent. Je veux dire que nous sommes trop gâtés. Vrai­ment. Tout le monde ici a uti­li­sé le mot com­mu­nau­té. Super. Qu’est-ce que c’est ? Qu’est-ce qu’une com­mu­nau­té ? Ce n’est pas seule­ment parce que vous habi­tez géo­gra­phi­que­ment au même endroit qu’il y a une com­mu­nau­té. Et la com­mu­nau­té de la Sun­shine Coast est une com­mu­nau­té de gens de classe moyenne pour­ris gâtés comme moi, qui vont sous la douche et ont la pos­si­bi­li­té de chan­ger la tem­pé­ra­ture de l’eau selon leur bon vou­loir. Une com­mu­nau­té est un endroit où l’on renonce à quelque chose au béné­fice de tous. Renon­cer est quelque chose que nous n’a­vons pas l’ha­bi­tude de faire, car nous sommes esclaves de cette idée d’ac­qué­rir, acqué­rir, acqué­rir ou de capi­ta­li­ser sur ceci, capi­ta­li­ser sur cela. La géné­ro­si­té est quelque chose que nous pou­vons culti­ver de plus en plus ».

« Nous déte­nons toutes les res­sources, nous déte­nons l’or, nous déte­nons toutes ces choses. Je pense qu’il y a en fait quelque chose de vrai­ment posi­tif en termes de ce que nous avons comme expé­rience. Tout le monde dans cette salle l’a. Et com­ment reve­nir en arrière et défaire le tri­cot et toutes ces choses à venir ? Sim­ple­ment entre­te­nir ce feu et faire de notre mieux. Et alors toutes les autres pièces s’assembleront d’elles-mêmes. Clai­re­ment, le réseau­tage, avec qui vous vous asso­ciez, savoir com­ment com­men­cer à faire bou­ger les lignes. Je tra­vaille pour la ville, c’est l’en­droit le plus prise de tête qu’il y ait. C’est très désen­chan­tant. Mais si je peux sim­ple­ment conti­nuer à gar­der le cap … il y a des jours où c’est ter­rible, mais il y a des jours où c’est super et tu avances. Nous devons por­ter cette lumière en nous. Et je ne pense vrai­ment même pas à un niveau spi­ri­tuel. Nous avons déjà fait notre part. Et main­te­nant, nous devons nous y remettre. Nous devons juste conti­nuer de persévérer ».

Rencontre de Montréal

Date : le 14 juin 2023
Lieu : Goethe-Ins­ti­tut, 1626 Boul. Saint-Laurent Bureau 100, Mont­réal, QC H2X 2T1
Co-dif­fu­seur : Groupe Le Vivier

Comme les réunions pré­cé­dentes, la ren­contre était ouverte par notre hôte et col­la­bo­ra­teur, cette fois-ci Le Vivier, avec un mot de Gabrielle Blais-Séné­chal. Le RCMN était par­ti­cu­liè­re­ment recon­nais­sant de l’accueil et du tra­vail du Groupe Le Vivier, vu l’incendie qui a dévas­té leurs bureaux et lieux de ren­contre, et du Goethe Ins­ti­tut, qui nous a offert leur espace pour la ren­contre. La Direc­trice Géné­rale Ter­ri Hron a conti­nué l’introduction avec une recon­nais­sance ter­ri­to­riale et un court résu­mé du pro­jet Ave­nirs éco­res­pon­sables, de ces ren­contres régio­nales et de l’événement natio­nal à venir. Nous avions deux invi­tées qui sont venues nous par­ler des actions et du sou­tien pos­sible au Qué­bec pour des actions et des trans­for­ma­tions éco-res­pon­sables : Caro­line Voyer, du Conseil qué­bé­cois des évé­ne­ments éco-res­pon­sables, et Chris­tine Dan­cause et Natha­lie Rae, du Conseil des Arts et des Lettres du Qué­bec (CALQ), qui ont pré­sen­té les poli­tiques envi­ron­ne­men­tales et les outils mis en place pour le milieu. 

Caro­line Voyer, direc­trice géné­rale du Conseil qué­bé­cois des évé­ne­ments éco­res­pon­sables, a sou­li­gné l’importance de cal­cu­ler son empreinte car­bone avant de réa­li­ser un plan d’actions cohé­rent et adap­té. Elle encou­rage toute enti­té cultu­relle à pas­ser par cette étape. Ce cal­cul est pos­sible notam­ment par la pla­te­forme Crea­tive Green qui offre aux orga­nismes cultu­rels un outil d’au­to­con­trôle pour la mesure de leur empreinte carbone. 

Les repré­sen­tantes du CALQ, Chris­tine Dan­cause et Natha­ly Rae, ont pré­sen­té le pro­gramme de par­te­na­riat ter­ri­to­rial qui per­met aux enti­tés cultu­relles de béné­fi­cier d’un sou­tien et d’un accom­pa­gne­ment dans leur plans d’actions, à la fois sur le volet de la pro­duc­tion, de la dif­fu­sion, de la pro­mo­tion et de la consolidation. 

Nous avons conti­nué la ren­contre, sur­tout ciblée pour les membres du Vivier, avec des échanges qui ont fait émer­ger des pistes de réflexion dans le sec­teur des musiques nou­velles et sur les­quelles Le Vivier pour­rait tra­vailler. Par­mi celles-ci : 

  • Encou­ra­ger la slow-crea­tion/s­low-pro­duc­tion 
  • Favo­ri­ser la notion de “créa­tion durable” et mul­ti­plier les spec­tacles en région 
  • Remettre en ques­tion les repré­sen­ta­tions uniques avec toute la réflexion sur la logis­tique des salles que cela engendre 
  • Limi­ter la crois­sance à tout prix 
  • Faire per­du­rer les œuvres grâce au numé­rique (mais quel(s) est/sont éga­le­ment le/les impact(s) du numé­rique sur l’environnement ?)

« On se dit sou­vent dans la pro­gram­ma­tion qu’on devrait ralen­tir le rythme, pen­dant le cycle de créa­tion, pro­duc­tion, dif­fu­sion, parce que là, les orga­nismes sont sou­vent ame­nés à gar­der un rythme intensif ».

« Il y a quelque chose qui me semble à la base très dif­fi­cile : on est des orga­nismes de créa­tion, on doit tou­jours en faire de nou­velles. Il y a une obso­les­cence dans notre tra­vail à la base. Une créa­tion d’il y a quatre ans n’est plus une créa­tion. Il y a des ques­tions à se poser là, sur la créa­tion durable. Et puis quand on nous demande de réduire, moi, le man­dat de ma com­pa­gnie, c’est de créer, de pro­duire. Tous mes efforts sont prêts à essayer de pro­duire davan­tage, mais je vais devoir réduire les coûts. La façon la plus effi­cace pour moi de réduire mon empreinte, ce serait de pro­duire moins, c’est sûr ».

« À Mont­réal, pen­dant la pan­dé­mie il y avait « Quand l’art prend l’air » [pro­gramme CAM]. Sur­tout les enfants, quand on pense à réduire l’éner­gie, ça fonc­tion­nait essen­tiel­le­ment de manière acous­tique. [Des pro­jets] qui peuvent être faits sans équi­pe­ment, sans infra­struc­ture et modes­te­ment, ça ça pour­rait être des beaux pro­jets à mettre de l’a­vant. Qui de créer des beaux par­te­na­riats, où ces pro­grammes-là pour­raient être dif­fu­sés plus régulièrement ».

« L’autre chose c’est aus­si la crois­sance à tout prix. Je pense qu’effectivement on ne doit pas aller dans ce sens-là, c’est jus­te­ment ce qu’on essaie de frei­ner dans beau­coup de sphères la socié­té, et sur­tout dans le domaine cultu­rel, où faire croître l’offre n’est plus une solu­tion. Mais c’est beau­coup plus de rejoindre le public, et notam­ment on parle de régions ».

« On devrait mettre de l’emphase sur la reprise et la conso­li­da­tion de ressources ». 

« De ce que j’entends de nos besoins en termes de mutua­li­sa­tion par rap­port à un sou­ci qui est quand même cadré par l’éco-responsabilité, je pense que Le Vivier peut vrai­ment être un vec­teur impor­tant pour ses membres en ce moment-là. Je pense que c’est très impor­tant qu’on tra­vaille ensemble ». 

« On est en train de tra­vailler sur notre plan numé­rique. C’est sûr qu’on se demande si le numé­rique peut aider les œuvres à avoir un plus grand cycle de vie plus long. Il y a beau­coup de membres qui ont fait des pro­jets excep­tion­nels en salle et aus­si en ligne, et qu’est-ce qu’on fait avec ces conte­nus-là, pour qu’ils conti­nuent à vivre ? Donc là, c’est une vraie réflexion qu’on a à l’interne, la dis­cus­sion par rap­port au data. Com­ment on archive tout ça et com­ment on crée un pôle de cir­cu­la­tion des œuvres et des artistes ».