Souvenirs d’IAMA Montréal 2013

Les musiques nouvelles canadiennes présentées au monde entire

Musi­ciens, repré­sen­tants, membres du public et autres ont par­ta­gé leurs réflexions sur les nou­velles musiques cana­diennes au pro­jet IAMA Mont­réal 2013, au début du mois de novembre. Notre site Inter­net pro­pose le pro­gramme de l’événement, la bio­gra­phie des par­ti­ci­pants, etc. Mer­ci à tous ceux et celles qui ont par­ta­gé cette expé­rience avec nous !

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Tim Bra­dy à IAMA Mont­réal­La vie nous réserve par­fois de belles sur­prises. À la fin du mois d’août, le RCMN a été appro­ché par Bar­ba­ra Scales, pré­si­dente de l’édition 2013 du pres­ti­gieux congrès de l’Association inter­na­tio­nale des ges­tion­naires des arts (Inter­na­tio­nal Arts Mana­gers Asso­cia­tion ou IAMA), qui allait se tenir à Mont­réal en novembre. Elle nous a expli­qué que l’événement offrait une excel­lente occa­sion de pous­ser la musique cana­dienne sur la scène inter­na­tio­nale, mais que per­sonne n’avait eu l’idée d’en pro­gram­mer. Le RCMN accep­te­rait-il d’organiser quelques vitrines à l’intention des plus impor­tants ges­tion­naires des arts du monde entier ? Bien sûr !

Nous n’avons pas chô­mé au cours des trois mois sui­vants : par­te­na­riats avec Le Vivier et le CMC-Qué­bec ; obten­tion de finan­ce­ment du Conseil des arts du Cana­da (mer­ci!); lan­ce­ment d’un appel d’offres ; mise en place d’un jury ; enfin, orga­ni­sa­tion de quatre évé­ne­ments qui pré­sen­te­raient neuf artistes cana­diennes et une ving­taine de com­po­si­teurs. Nous avons reçu une cin­quan­taine de pro­po­si­tions, ce qui nous a for­cés à faire des choix dif­fi­ciles. Cela dit, nos vitrines ont mis en vedette une incroyable sélec­tion d’interprètes et de com­po­si­teurs des quatre coins du pays cou­vrant une vaste gamme stylistique.

Les par­ti­ci­pants de l’IAMA ont réagi à ces vitrines avec beau­coup d’enthousiasme. Ils ont ado­ré l’idée de pré­sen­ter des musiques nou­velles à leur congrès (chose qui, appa­rem­ment, ne se fait pas en Europe). Le tra­vail des artistes cana­diens les a fort impres­sion­nés. Ce pro­jet a per­mis de for­ger de nom­breux liens et d’incuber des idées pour le déve­lop­pe­ment du RCMN et des musiques nou­velles canadiennes.

Mon­ter un pro­jet de cette enver­gure en moins de trois mois – finan­ce­ment, sélec­tion, pro­duc­tion – tenait de la démence, mais nous ne pou­vions pas lais­ser pas­ser une telle occa­sion. Féli­ci­ta­tions à toute l’équipe qui a su livrer la mar­chan­dise, et tout par­ti­cu­liè­re­ment à notre direc­trice admi­nis­tra­tive Emi­ly Hall.

Tim Bra­dy
Pré­sident du Réseau cana­dien pour les musiques nouvelles

 

Les concerts RCMN-IAMA nous ont per­mis de pré­sen­ter des musiques qui allaient au-delà de l’habituel, ain­si qu’un ins­tan­ta­né d’artistes cana­diens inter­pré­tant des musiques canadiennes.

Roger Admi­ral, pia­niste

 

Emi­ly Hall et William A. Neren­berg, pré­sident du Che­sa­peake Inter­na­tio­nal Artists / pho­to : Michel Pinault

 

C’était la pre­mière fois que l’IAMA tenait son congrès en Amé­rique du Nord. Quel plai­sir de lui offrir un accueil cha­leu­reux typi­que­ment cana­dien, par le biais du pro­jet Musiques nou­velles cana­diennes à l’IAMA Mont­réal 2013, qui met­tait en vedette des artistes cana­diens et des com­po­si­teurs de Vic­to­ria (Colom­bie-Bri­tan­nique) jusqu’à Hali­fax (Nou­velle-Écosse).

On y a célé­bré concrè­te­ment la grande diver­si­té artis­tique de notre pays. Le concept aurait pu se res­sen­tir d’une cer­taine frag­men­ta­tion entre les pres­ta­tions, mais non. On avait l’impression que tous ces magni­fiques inter­prètes et com­po­si­teurs avaient gran­di ensemble, au lieu d’être épar­pillés dans un pays dont la super­fi­cie approche les dix mil­lions de kilo­mètres carrés.

Com­ment l’expliquer ? Peut-être par l’immense talent et la forte indi­vi­dua­li­té de chaque par­ti­ci­pant au pro­jet. Dans tout ce que les artistes ont pré­sen­té, on per­ce­vait clai­re­ment que nous ne sommes pas un ter­ri­toire vierge à colo­ni­ser. Les artistes cana­diens pos­sèdent une voix plei­ne­ment maî­tri­sée et une com­mu­nau­té des musiques nou­velles bien établie.

Devant tout cela, je me sen­tais fière d’être cana­dienne, de pou­voir dire que ces artistes incroya­ble­ment doués sont cana­diens et de faire par­tie d’une com­mu­nau­té si vivante, si diver­si­fiée, si prête à fou­ler les planches de la scène mondiale.

Emi­ly Hall
Réseau cana­dien pour les musiques nouvelles

 

Ensemble Trans­mis­sion à IAMA Montréal

À titre de repré­sen­tante d’artistes et ex-direc­trice du mar­ke­ting inter­na­tio­nal chez Sony Clas­si­cal, je suis très satis­faite du man­dat de Réseau cana­dien pour les musiques nou­velles. Les vitrines de musiques nou­velles cana­diennes pré­sen­tées au congrès IAMA Mont­réal ont fait la preuve du niveau extrê­me­ment éle­vé de nos artistes et du poten­tiel de recon­nais­sance de nos com­po­si­teurs. Même si on reproche sou­vent au monde des musiques nou­velles d’être trop com­pé­ti­tif, les inter­prètes ont col­la­bo­ré, comme à l’habitude, démon­trant du coup qu’ils forment une com­mu­nau­té ouverte à l’autre. J’ai hâte de pour­suivre notre col­la­bo­ra­tion avec le Réseau cana­dien pour les musiques nou­velles, qui nous aide­ra à offrir des pos­si­bi­li­tés à nos inter­prètes et à nos créateurs.

Faye Per­kins
Real World Artist Management

 

Janice Jack­son à IAMA Montréal

Janice Jack­son était la seule à pou­voir don­ner un air si intime et spé­cial à une salle si gran­diose. Sa pres­ta­tion à la Mai­son sym­pho­nique, le 8 novembre 2013, était élec­tri­sante et sai­sis­sante. Sa voix, seule, satu­rait aisé­ment la salle de son et d’émotion.

Dès Han n° 3 de Marie Pel­le­tier, l’auditoire entrait dans un uni­vers en mou­ve­ment où se croi­saient des tech­niques vocales et des styles emprun­tés à diverses cultures. Je me suis agréa­ble­ment per­due dans la contem­pla­tion des tex­tures sonores. Même si aucune des œuvres n’offrait un texte intel­li­gible ou une trame nar­ra­tive, mon atten­tion n’a jamais vacillé ; j’avais tou­jours l’impression d’observer quelque chose de pro­fon­dé­ment humain, une expé­rience bien au-delà d’un simple ali­gne­ment de sons.

Son inter­pré­ta­tion d’Angst d’Alice Ping Yee Ho, assise sur le sol, déchi­rant rituel­le­ment un jour­nal macu­lé de rouge, tenait à la fois de la per­for­mance et du théâtre musi­cal, du sang-froid et de l’étrangeté. Cette salle conve­nait par­fai­te­ment au déploie­ment de sa voix puis­sante et poly­va­lente. J’ai été frap­pée par tous les effets qu’elle obte­nait en se tour­nant pour faire face aux diverses par­ties de la pièce. À un moment où elle fai­sait dos au public et mar­mon­nait une série de consonnes per­cus­sives, j’aurais jurée entendre deux voix – l’une étant l’écho de l’autre qui rico­chait sur le mur arrière. Janice est res­tée fidèle à l’esprit de l’œuvre jusqu’à la toute fin : elle est sor­tie de scène en rampant !

Sarah Albu, spec­ta­trice

 

Pas de micro, pas d’amplification, juste une femme, seule sur l’énorme scène de la Mai­son sym­pho­nique. J’ai été fas­ci­née par l’intrépidité de Janice Jack­son, sa confiance et la sym­biose entre la salle et elle, à sa vitrine solo Pleins feux sur les com­po­si­teurs cana­diens. Du mur­mure le plus doux au cri le plus intense, la salle ren­dait tout dans les moindres détails, véhi­cu­lant sa voix envoû­tante et trans­cen­dante comme si elle chan­tait tout près de cha­cun d’entre nous.

Emi­ly Hall, spec­ta­trice

 

Les deux concerts de la série « Off-IAMA » [à l’Église au toit rouge] pré­sen­taient une vaste palette de styles musi­caux. Je me sou­vien­drai aus­si de la grande diver­si­té des groupes et des solistes en vedette.

Alas­dair Money, vio­lon­cel­liste, Emi­ly Carr String Quartet

 

ofNOW, orkes­tra futu­ra a inter­pré­té .. le 8 novembre 2013, à la [vitrine] pré­sen­tée à l’église Saint-Jean‑l’Évangéliste de Mont­réal. [Ce fut] une excel­lente occa­sion d’initier des pro­gram­meurs, des pro­duc­teurs et des ges­tion­naires inter­na­tio­naux aux musiques nou­velles cana­diennes. Le Cana­da pos­sède une scène riche et diver­si­fiée. Je suis fière que ces musiques cana­diennes aient pu être pré­sen­tées dans un congrès inter­na­tio­nal d’une telle enver­gure. [Nous étions] fiers d’y pré­sen­ter des extraits de trois nou­velles par­ti­tions gra­phiques : Ono­ma­to­poeia de Gary Wil­de­man, wise as ser­pents de Lisa Cay Mil­ler et hhaumm de Coat Cooke. Bra­vo au Réseau cana­dien des musiques nou­velles pour cette vitrine si ron­de­ment menée.

Lisa Cay Mil­ler – direc­trice artis­tique d’ofNOW, orkes­tra futura

 

Un démar­rage sai­sis­sant de Nou­velles musiques cana­diennes au Off-IAMA Montréal

« Sai­sis­sant » est l’adjectif qui s’impose pour qua­li­fier l’ouverture de la série « Off-IAMA »  au début de la soi­rée du 7 novembre 2013, un des deux concerts pré­sen­té à l’Église au toit rouge, dont les bonnes qua­li­tés acous­tiques servent autant la nou­velle musique de chambre que les can­tates de Bach.

Le concert pré­sen­tait alors deux ensembles, Fio­lû­trö­niq, de Mont­réal, le Emi­ly Carr String Quar­tet, de Vic­to­ria, ain­si que le vir­tuose Mark Take­shi McGre­gor, de Van­cou­ver, à titre de flû­tiste soliste.

Le trio Fio­lû­trö­niq se com­pose de la com­po­si­trice-musi­cienne Cléo Pala­cio-Quin­tin aux flûtes ; Elin Söders­tröm, à la viole de gambe ; et Kate­lyn Clark, au cla­ve­cin. Comme le qua­tuor à cordes, cette com­bi­nai­son d’instruments, uti­li­sée depuis plu­sieurs siècles, est très appro­priée pour mettre en relief l’originalité d’une nou­velle musique.

Lorsque le der­nier mou­ve­ment d’une com­po­si­tion [de Sta­cey Brown] s’intitule Stark Raving Luna­tic Bitch, l’auditeur est en droit de s’attendre à des sono­ri­tés dif­fé­rentes de celles enten­dues habi­tuel­le­ment en musique de chambre.  Et c’est bien le cas ici, même si le dénoue­ment final s’achève dans une sorte de grâce, au lieu de la fré­né­sie folle sous-enten­due par le « stark raving » du titre.

Les quatre musi­ciens du Vic­to­ria Sym­pho­ny Orches­tra qui com­posent le Qua­tuor Emi­ly Carr ont consa­cré l’essentiel de leur pres­ta­tion à Com­me­dia dell’arte I de Ana Soko­lo­vic, à qui on a com­man­dé cette oeuvre comme pièce impo­sée lors du Banff Inter­na­tio­nal String Quar­tet Com­pe­ti­tion, édi­tion 2010. Comme toute com­po­si­tion de ce genre, un tel qua­tuor pose un défi tant pour le com­po­si­teur que pour les musi­ciens. Au-delà des hautes exi­gences tech­niques exi­gées des inter­prètes, il y a éga­le­ment  comme objec­tif de créer une musique qui sau­ra durer. Après la conclu­sion écla­tante de Com­me­dia dell’arte I, les applau­dis­se­ments étaient aus­si nour­ris que ceux enten­dus sur les enre­gis­tre­ments de 2010.  La com­po­si­trice et le Qua­tuor Emi­ly Carr n’en méri­taient pas moins.

Après deux pre­mières par­ties de concert aus­si mar­quantes, j’avais des doutes quant aux capa­ci­tés de l’auditoire de savoir encore écou­ter avec l’attention requise le conte­nu de la troi­sième com­po­sante du pro­gramme, soit des com­po­si­tions pour flûte seule.

Ces doutes ont dis­pa­ru dès l’instant où le flû­tiste Mark Take­shi McGre­gor a com­men­cé la pre­mière oeuvre : dans ce cas, une inter­pré­ta­tion de Foun­dry, de Paul Steen­hui­sen. On y voit un vir­tuose dont les inter­pré­ta­tions sont tel­le­ment péné­trées de mou­ve­ments ges­tuels qu’on serait ten­té de les qua­li­fier de « dan­sées ».  Cela, non pas comme arti­fice de pré­sen­ta­tion, mais comme le mode véri­table par lequel McGre­gor vit sa musique.

– Notre site Inter­net contient le pro­gramme com­plete.
– On peut écou­ter un extrait vidéo de Fio­lû­tro­niq sur Vimeo.
– On peut écou­ter la com­po­si­tion Five Stages of Insa­ni­ty Accor­ding to bzh April 10, 2008 de Sta­cey Brown, jouée par Fiolûtröniq.
– Grâce à la géné­ro­si­té du Concours Banff et de CBC, on peut appré­cier la qua­li­té de Com­me­dia dell’arte I d’Ana Soko­li­vic ici.
– L’enregistrement vidéo de la com­po­si­tion Foun­dry de Paul Steen­hui­sen est dis­po­nible sur le site Inter­net de Mark McGregor.

Phil Ehren­saft, spectateur

 

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17e édi­tion Bul­le­tin du RCMN – décembre 2013