Tim Brady :
Comme vous le savez pour la plupart, ce sera mon dernier rapport à titre de président. Le RCMN a connu un exercice 2013–2014 phénoménal. C’est donc avec grand plaisir que je vous parlerai des « faits saillants » de cette saison, la plus dynamique et la plus occupée qu’a connue notre réseau à ce jour. Tant qu’à partir, aussi bien partir en beauté !
L’exercice 2013–2014 a pris son élan très rapidement avec une collaboration imprévue mais emballante avec CINARS (la Conférence internationale des arts de la scène, basée à Montréal) et l’IAMA (International Arts Managers’ Association, basée en Angleterre). À la fin août, à la dernière minute, ces associations ont demandé au RCMN d’organiser la présentation d’une série de concerts de musiques nouvelles canadiennes dans le cadre du congrès de l’IAMA, qui allait se tenir à Montréal en novembre. Incroyable mais vrai : nous avons réussi à lancer un appel de projets à nos membres, à évaluer les 53 propositions reçues et à organiser le tout en 12 jours. C’était de la pure folie, et il faut remercier notre directrice administrative, Emily Hall, qui a tout fait pour assurer le succès de cette aventure. La série s’est composée de vitrines et de performances, ainsi que d’un atelier sur les musiques nouvelles. L’IAMA, CINARS et les congressistes ont adoré, particulièrement les congressistes de l’étranger. Ils ont été nombreux à venir me dire, pendant le congrès, qu’ils ne soupçonnaient pas la présence d’autant de musiques nouvelles d’une telle qualité au Canada.
Ce projet a reçu l’appui d’une subvention spéciale du Conseil des arts du Canada, qui apprécie beaucoup le travail et l’efficacité du RCMN.
Cette collaboration a connu un tel succès que le RCMN et l’IAMA font à nouveau équipe pour présenter un projet de plus petite envergure, à Montréal, en novembre 2014. C’est l’IAMA qui a demandé ce projet et elle en défraiera presque tous les coûts !
Tout en menant de front le premier projet de l’IAMA, nous organisions l’édition de FORUM qui a eu lieu à Calgary en janvier 2014. Nous avons eu beaucoup de financement pour cette édition, FACTOR s’ajoutant à la liste des subventionnaires, tout comme l’Université de Calgary. Cette dernière a versé dans notre budget d’importantes contributions en espèces et en nature, par le biais de subventions internes et d’une subvention ciblée du CRSH. Le budget du FORUM 2014 a été d’environ 84 000 $, ce qui représente un bond énorme par rapport aux éditions précédentes, dont le budget tournait autour de 35 000 $.
Ce financement supplémentaire nous a permis de faire venir cinq invités de marque qui ont étoffé la facette critique du projet. Il s’agissait de Lawrence Cherney (Soundstreams Canada), Andrew Bruke (London Sinfoniettta, Angleterre), Patricia Rosner (Berlin Philharmonic Media), Melissa Smey (Millet Theatre, New York) et Nicolas Thiron (Festival Whynote, France).
De plus, nous avons été en mesure de couvrir une partie des frais de déplacement d’un plus grand nombre de congressistes. Du coup, nous avons eu droit à notre plus grosse assistance à ce jour à un FORUM, avec plus de 150 participants. Nos invités de l’étranger ont été surpris par la taille et l’étendue de la communauté des musiques nouvelles au Canada, ainsi que par la qualité de la production de FORUM et de son approche élargie des musiques de création.
L’atmosphère de ce FORUM était électrisante à souhait. L’événement a proposé un mélange parfait entre tables rondes, activités de réseautage, ateliers et présentations. Le Rosza Centre de l’Univeristé de Calgary s’est avéré l’endroit idéal où présenter notre FORUM : on y trouvait une merveilleuse salle de concert et des salles de réunion, le tout à 30 secondes de l’hôtel. Même la météo était de notre côté : du jeudi au samedi, il a fait si chaud qu’on n’avait pas vraiment besoin de manteau ! L’hiver est revenu le dimanche ; il était temps de conclure.
Après le FORUM, le RCMN s’est attelé à six tâches principales : la planification de la succession à la présidence, la préparation de l’Initiative musiques nouvelles 2015 avec la CAPACOA pour janvier 2015 à Halifax, la mise à jour du règlement du RCMN, la poursuite des travaux dans l’Initiative sur le contenu numérique, le début des préparatifs en vue du FORUM 2016 et la gestion des affaires courantes.
Je vous résume ces six tâches :
- Après en avoir discuté plusieurs fois au conseil d’administration, Kyle Brenders, qui représente l’Ontario, a accepté de reprendre la présidence du RCMN à compter de la fin de cette AGA 2014, dès que les membres auront adopté cette proposition. Je (Tim Brady) demeurerai membre du conseil afin d’assurer la continuité et de servir de mémoire vivante de l’organisation.
- La CAPACOA, le plus grand réseau de diffuseurs au Canada, a demandé au RCMN de s’associer à son congrès de janvier 2015, à Halifax, pour faire des musiques nouvelles l’élément central de ce congrès. Nous avons intitulé ce projet l’Initiative musiques nouvelles 2015. C’est une occasion incroyable d’étendre nos relations. Le RCMN a formé un comité dirigé par David Pay, avec l’aide de Kyle Brenders, qui est en train de mettre sur pied un événement fantastique. Nous aurons l’occasion de débattre et de présenter un vaste éventail de musiques nouvelles devant plus de 250 grands diffuseurs. Il s’agit d’un énorme pas pour notre communauté.
- Le fédéral a modifié la loi des organismes sans but lucratif, ce qui nous a obligés à mettre à jour nos règlements et à les soumettre à Industrie Canada. La plupart des changements sont de l’ordre de simples détails techniques, mais nous profitons de l’occasion pour ajouter trois postes au conseil d’administration, qui comptera maintenant 15 membres. Un de ces nouveaux postes va à la Colombie-Britannique ; les deux autres sont des postes « non régionaux ». Cette nouvelle structure entrera en vigueur à l’élection 2016.
- Le RCMN a reçu une bourse de 20 000 $ du programme « Leadership pour le changement » du Conseil des arts du Canada afin de faire avancer notre Initiative sur le contenu numérique.
- Le prochain FORUM aura lieu à Ottawa en janvier 2016. Les préparatifs se mettent en branle. Nous avons entamé des pourparlers avec nos partenaires locaux : le Centre national des arts, Ottawa New Music Creators, l’Université d’Ottawa et l’Université Carleton. Le RCMN a fait ses preuves en matière d’organisation du FORUM et l’édition 2016 profitera du succès et de la vision des six éditions précédentes.
Enfin, il y a les affaires courantes du réseau : vendre des adhésions, produire trois numéros par année de notre bulletin, préparer les demandes de subvention, tenir la comptabilité, etc. Même s’il est très petit et encore jeune, le RCMN s’acquitte de tout cela avec beaucoup d’efficacité. À moins que ce soit l’inverse et que nous devions notre efficacité à notre jeunesse et notre petitesse.
J’ai deux derniers points avant de conclure ce rapport du président.
Premièrement, je veux réitérer tout le plaisir que j’ai eu à travailler avec le conseil d’administration du RCMN, les membres du RCMN et notre administratrice, Emily Hall, depuis neuf ans. L’intelligence, l’engagement, la passion et la créativité de notre communauté m’épatent. Je crois d’ailleurs que le RCMN a démontré qu’il est un excellent véhicule de collaboration entre nous afin d’assurer une meilleure place aux musiques de création. Merci à toutes les personnes qui ont participé à la création du RCMN tel qu’il est aujourd’hui.
Mon deuxième point est d’ordre plus philosophique. Depuis neuf ans – en réalité, depuis onze ans, si on tient compte des deux années de pourparlers qui ont précédé la fondation du RCMN – j’ai passé de nombreuses heures à réfléchir à la créativité musicale, à tenter de la définir pour nous, à tenter de la défendre devant les bailleurs de fonds et le grand public, à tenter d’articuler les raisons qui font que nous croyons cette créativité musicale absolue si essentielle à notre société. Je n’ai pas de réponse simple et univoque, mais, en son cœur, la création de musique pour l’amour de l’art de la musique est un geste social et politique frappant. Créer de la musique qui cherche à embrasser toute l’étendue et la complexité de la condition humaine, c’est tout un boulot. Or, c’est ce que nous avons choisi de faire. C’est une approche humaniste par définition qui repose sur une société qui reconnaît la valeur de chaque être humain. L’art, y compris les musiques nouvelles, est principalement affaire d’expérience humaine, et non de profit économique ou de pouvoir politique.
C’est pourquoi on voit souvent les arts de création comme une menace aux structures économiques et politiques en place. Nous vivons dans une société où règne, actuellement, un équilibre raisonnable entre ces deux forces : la vision humaniste et la vision économico-politique. Néanmoins, cet équilibre change constamment.
Ainsi, je prie tous les membres du RCMN de se souvenir que, chaque fois qu’ils composent un nouveau morceau, qu’ils entrent sur scène pour donner un concert ou qu’ils parlent de l’importance de la musique dans la société, ils participent alors à un discours sociopolitique qui forge le monde dans lequel nous vivons. Les musiques nouvelles ont un rôle à tenir dans cette grande discussion, et il est important que notre communauté prennent ce rôle au sérieux. Je crois que le RCMN est en parfaite position pour être un chef de file dans cette discussion. J’espère que mes neuf ans à la présidence auront aidé à bâtir une organisation forte et crédible et à démontrer la force positive que peut exercer la créativité musicale dans le développement social.
Merci.
Tim Brady
Adresse URL directe : Rapport du président sortant / Rapport d’exercice 2013–14 – Tim Brady
19e édition Bulletin du RCMN – décembre 2014