Par Pierre Rancourt, artiste-médiateur
La simple lecture du titre de cet article aura peut-être provoqué un hochement de tête en guise d’assentiment. Penser à prendre soin de soi, en tant qu’artiste travaillant au vaste chantier de l’action sociale par les arts, ce n’est pas toujours en tête de sa liste ! Cela mène forcément à une réflexion sur ce qu’on donne et ce qu’on reçoit, sur les motivations qui nous animent ainsi que sur tout ce qu’il faut faire pour garder vivante la flamme. C’est bien humblement que je partage avec vous, dans ce court article, des pistes pour prendre soin de soi en tant qu’artiste en médiation culturelle. Je puiserai dans mon expérience de praticien et je proposerai aussi des ressources externes. J’espère que vous pourrez transposer, adapter le tout à votre propre vécu et poursuivre la réflexion en vue d’un mieux-être personnel et professionnel.
La médiation de la musique est une profession relativement récente. Qu’on y travaille comme pigiste ou dans le cadre d’un poste salarié, elle n’est encore encadrée par aucune association officielle et les milieux de travail sont extrêmement variés. Cette situation se reflète dans les conditions de travail, qui sont souvent négociées à la pièce ; stabilité d’emploi et horaires de travail peuvent aussi être un défi. Tout cela contraste avec les exigences d’un métier assez exposé et qu’on exerce souvent en solitaire. Et la cerise sur le gâteau, chose commune à toutes les situations : nous travaillons sur le plan des relations humaines et, en ce sens, le résultat de notre action se situe souvent dans le subjectif, le qualitatif, l’intangible.
Ce sont là autant de facteurs qui peuvent nuire à la perception de valeur du travail, au sentiment de compétence, de sécurité et, par le fait même, à la santé mentale. Il importe de proposer les bases d’une formation continue qui puisse pallier ces difficultés.
Se sentir reconnu
À la base du sentiment de reconnaissance, il y a bien sûr la rétribution, qu’il faut négocier de façon juste. Quelques questions à se poser au moment de négocier un tarif :
Cependant, une partie non négligeable de la « rémunération » se situe souvent dans les marques de reconnaissance reçues, qui viennent donner sens à l’action, nourrir la confiance en soi et solidifier le processus de professionnalisation, en plus de permettre de s’améliorer. Par exemple, on peut se demander :
Tout le monde n’a pas les mêmes besoins au chapitre de la reconnaissance. Il importe de se connaître et d’oser demander de quoi satisfaire ses besoins.
Le succès d’une intervention en médiation de la musique repose sur des qualités techniques et humaines spécifiques. En développant ces qualités, et surtout si on se spécialise dans l’intervention auprès de publics spécifiques, marginalisés ou ayant des besoins particuliers, on sera immanquablement de plus en plus recherché et entraîné dans ce monde de l’intervention sociale par l’art où les besoins sont nombreux et où les défis sont tous plus passionnants les uns que les autres. Souvent, je me trouve dans la situation où ma passion pour une cause est plus grande que les ressources financières à disposition… Par exemple, je peux m’attarder sur la conception d’une activité parce que je veux m’assurer d’offrir une expérience optimale, taillée sur mesure pour un groupe ou une occasion. Cela m’amène à y consacrer un nombre d’heures supérieur à ce que le budget prévoit, ce qui se traduit en une surcharge de travail – en partie non-rémunéré. Bien sûr, le plaisir ressenti dans la mise en œuvre récompensera souvent les efforts consentis, mais il reste que cette façon de faire peut conduire à l’épuisement. On en revient donc à ce conseil de base : il faut savoir être sélectif. C’est le prix à payer pour se sentir à son meilleur et pour préserver sa santé.
Ne nous désigne-t-on pas par le nom d’artistes-médiateurs, d’artistes-médiatrices ? Je dois dire que j’apprécie particulièrement cette appellation. Ça me rappelle de ne pas oublier d’être avant tout artiste, et ce, malgré le fait que mes fonctions de médiateur soient particulièrement prenantes durant certaines périodes.
Quelques questions parmi celles que je me suis posées : comment est-ce que je gère le dialogue entre ces deux pôles de mon action : le médiateur et l’artiste ? Quel est le lien entre les deux ? Ces deux aspects de mon travail sont-ils en compétition, ou peuvent-ils plutôt être complémentaires ? Être un médiateur fait-il de moi un artiste moins accompli ? Est-ce un signe que je n’ai pas « ce qu’il faut » pour être « seulement un artiste » ? Autant de questions qui reflètent parfois certains préjugés, mais qui restent fondamentales parce qu’elles touchent à l’estime de soi et au sentiment de légitimité de l’artiste.
Je peux dire d’expérience que mon activité de médiateur a beaucoup enrichi ma pratique artistique. Elle lui a donné un sens. Elle m’a mis en contact avec le vécu, les préoccupations, les rêves de nombreuses personnes. Elle m’a « décentré de moi-même », un immense bienfait qui s’oppose à l’égocentrisme ambiant. Elle a été la source d’inspiration de nombreux projets artistiques. Enfin, en rétablissant l’équilibre entre mon être individuel et la société, elle m’a rendu meilleur au moment de communiquer avec le public en situation de représentation.
Mais pour conserver cet équilibre, il est primordial de prendre du temps pour se recentrer, du temps pour soi ; de se replacer régulièrement en position « égoïste », d’une certaine façon. Autrement dit : il est primordial d’exercer son art ! On sait – et la recherche l’atteste – que la pratique artistique a des effets bénéfiques pour l’individu dans la population en général. Ces effets ne sont pas moindres chez l’artiste qui pratique la médiation, ne l’oublions pas !
Se recentrer sur soi, ça commence souvent par le fait de prendre soin de son corps. Peut-être faites-vous partie, comme la majorité des adultes au Canada, de ceux et celles qui n’arrivent pas à consacrer suffisamment de temps à l’activité physique (un minimum de deux heures et demie par semaine selon l’Agence de la santé publique du Canada). Or, il me semble que, pour les musiciennes et musiciens, ces minimums devraient être augmentés, puisque notre travail dépend si intimement de notre condition physique : pensons à toutes les blessures liées à la position à l’instrument, sans compter celles qui sont liées à l’utilisation de la voix dans des contextes parfois défavorables.
Il existe heureusement une multitude de manières d’intégrer l’activité physique à un horaire chargé. Soulignons que l’engouement récent pour les applications de fitness a enlevé le monopole de l’activité physique aux gyms et aux salles d’entraînement pour la rendre désormais accessible et motivante pour quiconque possède une connexion internet et un minimum d’équipement à la maison.
Colley, Guerrero et Bushnik, « Facteurs de risque croisés d’inactivité physique chez les adultes canadiens », Statistique Canada, 15 novembre 2023. https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/82–003‑x/2023011/article/00002-fra.htm (page consultée le 4 mars 2024).
Conseils sur l’activité physique pour les adultes (18–64 ans) », Agence de la santé publique du Canada. https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/publications/vie-saine/conseils-activite-physique-adultes-18–64-ans.html (page consultée le 4 mars 2024).
À cela, il faut ajouter la richesse des exercices basés sur la méditation, et plus spécifiquement sur la respiration. Ce sont des pratiques très utiles pour nous qui travaillons parfois sous pression et devons gérer des dynamiques de groupe dans des environnements déstabilisants. Après tout, la musique a ce pouvoir d’ouvrir la porte du monde des émotions. Il est essentiel d’avoir l’espace mental pour accueillir et gérer ces contenus émotionnels avec lesquels nous sommes en contact.
Encore faut-il avoir le temps de prendre soin de soi. « Oui, c’est vrai ça ! », vous exclamerez-vous peut-être, artistes en situation de travail autonome devant composer avec des horaires irréguliers et atypiques. Ici, la capacité à gérer son temps en fonction de ses résolutions de santé entre en jeu. Les ressources sont nombreuses (voir liens en annexe à cet article), mais soulignons l’importance d’aménager une claire démarcation entre vie personnelle et vie professionnelle pour éviter le phénomène du blurring.
Il peut arriver qu’on se sente isolé·e en tant qu’artiste œuvrant en médiation, surtout si l’on est travailleur ou travailleuse autonome, même au sein de départements de médiation culturelle bien établis dans des organismes d’envergure. Il est alors souhaitable d’établir des liens avec d’autres qui exercent le même métier. C’est le principe de la « communauté de pratique », une forme de réseautage spécifique à un métier en particulier et axé sur le partage, la solidarité et la recherche de réponses à des problématiques communes. Que les contacts se fassent en personne ou par l’intermédiaire de plateformes virtuelles, ces communautés ont fait la preuve de leur utilité ; pourquoi ne pas m’informer de celles qui existent déjà près de moi, ou même en créer une nouvelle ?
Heureusement, on a vu récemment apparaître des organismes comme Artenso ou le Regroupement des médiatrices et médiateurs culturel·les du Québec, qui s’efforcent de provoquer des rencontres entre praticiennes et praticiens de la médiation. Les espaces créés favorisent le décloisonnement en permettant d’échanger sur les possibilités de formation et les meilleures pratiques. Je vous encourage à entrer en contact avec ces regroupements.
Au moment d’évaluer sa propre santé globale, on ne peut nier l’importance de la satisfaction ressentie dans la sphère professionnelle. À son tour, cette satisfaction est largement liée au sentiment de cohérence face aux valeurs personnelles et au sens donné à l’action. On en revient souvent à la question : « Pourquoi faire ce que je fais ? »
Il revient à chacun et chacune de répondre à cette question et de se reconnecter périodiquement au dynamisme que sa réponse inspirera.
En ce qui me concerne, la médiation et la scène sont devenues deux faces indissociables de mon travail d’artiste, comme peuvent l’être le fait de donner et de recevoir. Comment puis-je faire une différence dans la société, être l’étincelle que je veux être par mon travail de médiateur, de facilitateur ? Et comment donner si je ne suis pas moi-même préoccupé par ma santé individuelle, globale et durable ?
L’œil fixé sur cet objectif, chacun et chacune pourra faire bonne route.
Quand il s’agit d’intégrer l’activité physique à son quotidien, on oublie parfois que l’Agence de la santé publique du Canada est là pour appuyer ceux et celles qui veulent prendre leur santé en main. Les conseils qu’on retrouve sur cette page, bien que généraux, sont judicieux et bien choisis.
https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/publications/vie-saine/conseils-activite-physique-adultes-18–64-ans.html
Chacune, chacun pourra trouver l’application de fitness qui lui convient, mais il peut être utile de commencer par la lecture de cet article qui dresse une liste des applications les plus populaires.
https://www.clindoeil.ca/2021/01/10/8‑applications-fitness-gratuites-pour-sentrainer-a-la-maison
Pour ce qui est de la méditation, l’article suivant liste les applications les plus prisées, dont Petit Bambou.
https://www.noovomoi.ca/style-et-maison/mode/article.11-apps-meditation.1.9267139.html?cid=google_sem_8787_search_noovomoi_theme_mode_fr_google_all_mode&gad_source=1&gclid
=CjwKCAiA_5WvBhBAEiwAZtCU7ztPIRBFngJ_fRaSb5oGFvxRRh-cbv1eoAnGZJFqd1TQJWk1o-p8EBoCOnAQAvD_BwE
Cette approche développée aux États-Unis dans les années 1990 a l’avantage de proposer des schémas de respiration ayant de véritables propriétés apaisantes. Cette page répertorie une foule d’exercices à explorer pour constater soi-même les effets.
https://www.coherenceinfo.com/guides-respiratoires/
Le Regroupement des médiateurs et médiatrices culturel·les du Québec peut vous aider à trouver ou à mettre sur pied une communauté de pratique qui soit en lien avec votre champ d’activité. Le Regroupement suggère de communiquer de préférence par l’intermédiaire du groupe Facebook, auquel il est très facile de se joindre.
https://rmcq.info/
https://www.facebook.com/groups/196113430973123
Le soutien psychologique peut parfois être difficile d’accès, mais cette page, élaborée par le gouvernement du Canada, est un excellent point de départ.
https://www.canada.ca/fr/sante-publique/services/services-sante-mentale/sante-mentale-obtenir-aide.html#a2
Outre le service Info-social, qui est bien implanté au Québec, le Centre psychologique pour artistes a récemment été lancé au Québec. Il faut être membre pour l’utiliser, mais le site propose une tarification modulée en fonction de vos revenus.
Info-Social : téléphone 811 (au Québec)
Centre psychologique pour artistes : https://www.cppartistes.com/
On trouvera en ligne une grande variété de sites proposant de l’accompagnement en gestion du temps, mais certains offrent gratuitement des articles très bien documentés avec des conseils directement applicables au quotidien.
Mathieu Desroches : https://matthieudesroches.com/articles/comment-gerer-son-temps
Asana : https://asana.com/fr/resources/time-management-tips
Que vous chantiez ou non, l’utilisation de la voix est essentielle pour tout artiste-médiateur en milieu culturel. Parmi les différentes approches permettant de développer sa confiance sur le plan vocal, la méthode Estill Voice Training est particulièrement prisée. Le site vous aide à trouver une formation facilement, avec des filtres permettant de choisir, entre autres, le pays et la langue.
https://estillvoice.com/find-a-course/
Téléphone 911 (aide générale)
Téléphone 988 (ligne spéciale suicide)
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