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Pierre Rancourt

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Pierre Rancourt: Music in Palliative Care

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Pierre Ran­court : La musique au soins palliatives

Un des milieux de tra­vail qui m’in­ter­pelle le plus, ce sont les soins pal­lia­tifs, alors j’ai eu la chance récem­ment avec la socié­té pour les arts en milieu de san­té, de tra­vailler et d’a­me­ner la musique à des gens en fin de vie. C’est vrai­ment un contexte par­ti­cu­lier parce qu’il y a un besoin (et) la musique per­met un accès au monde des émo­tions à une période de la vie (la fin de vie) qui est très très très char­gé à ce niveau-là. Alors j’ai l’im­pres­sion que ce que je vois, c’est que ça per­met une sorte de de paci­fi­ca­tion, un calme. Évi­dem­ment, il faut être très, disons, atten­tif en tant qu’ar­tiste au niveau du réper­toire. Je suis chan­teur d’o­pé­ra donc c’est sûr je vais pas chan­ter avec une grande voix. Tout l’art de la média­tion de la musique, c’est de sen­tir devant qui on se trouve. Qu’est-ce que cette per­sonne est en train de vivre. Alors les soins pal­lia­tifs, oui, c’est quelque chose qui m’at­tire depuis de nom­breuses années. Je veux dire, j’ai chan­té pour ma mère à la fin de sa vie, ce sont des moments inou­bliables. J’ai chan­té dans plu­sieurs fois dans des contextes comme ça durant mes études, et je trouve que, en tant qu’ar­tiste, c’est un pro­ces­sus qui est bidirectionnel.Ça nour­rit les per­sonnes à qui on offre ça, à qui on per­met d’ex­pri­mer des choses qui ne peuvent pas s’ex­pri­mer en mot à tra­vers notre musique. Mais, ça nour­rit aus­si l’ar­tiste qui pré­sente qui est là (l’ar­tiste média­teur) qui se voit confron­ter à une situa­tion dans laquelle il n’y a pas de fake pos­sible. On ne peut pas faire sem­blant. Il faut être abso­lu­ment dans la véri­té du moment. Il faut être dans l’é­change sin­cère, et c’est très nour­ris­sant pour un artiste. Alors, c’est ça. C’est quelque chose qui m’in­ter­pelle beaucoup. 

 

Les impacts de la musique sur la santé 

Oui. Dans le cas concert (disons) plus orga­ni­sés auquel on a pu invi­ter des gens, la famille, des per­sonnes signi­fi­ca­tives, c’est évident que il y a une pré­pa­ra­tion. Un choix du réper­toire qui va être fait. Juste dans ce pro­ces­sus, de la famille en lien avec la per­sonne qui est en fin de vie, le choix du réper­toire, cela per­met tout un retour sur les thé­ma­tiques de vie, donc il y a une espèce de phé­no­mène de bilan de vie qui peut se faire à tra­vers d’un de la construc­tion d’un mini concert, d’un mini pro­gramme de concert. Les pièces vont être faites en fonc­tion de cer­taines prio­ri­tés de vie, donc il y a une défi­ni­ti­ve­ment une une trans­mis­sion. Un héri­tage cultu­rel qui se lègue, qui se donne à la famille une sen­sa­tion de cohé­sion dont ils ont vrai­ment besoin dans ces moments-là. Donc, au niveau de la cohé­sion fami­liale, ça peut contri­buer autour d’un héri­tage. Ensuite, pour la per­sonne elle-même qui est en fin de vie, c’est sûr que les bien­faits sont docu­men­tés au niveau des indi­ca­teurs de san­té : bon rythme car­diaque, pres­sion, niveau d’an­xié­té, tout ça. C’est évident qu’il y a une amé­lio­ra­tion mar­quée. Il peut y avoir aus­si des réac­tions émo­tion­nelles (disons) de cathar­sis qui se pro­duisent. Une sorte de d’ac­cès à des émo­tions qui autre­fois qui aurait pu être refou­lé. Donc ça, c’est très béné­fique. Ce qu’on remarque, c’est qu’il y a un chan­ge­ment aus­si au niveau de la res­pi­ra­tion de la per­sonne. Ça m’est arri­vé même de chan­ter pour des per­sonnes en fin de vie qui étaient dans une situa­tion de coma ou d’in­cons­cience, et on note même dans ces cas-là, un chan­ge­ment au niveau de la respiration. 

 

Quel a été votre che­mi­ne­ment vers le tra­vail dans la musique et la santé ? 

Pour moi, la musique est un acte de com­mu­ni­ca­tion, même si je pra­tique tout seul dans mon salon. C’est en pré­vi­sion d’un jour pou­voir le livrer. (La musique) est un acte, par défi­ni­tion, qui est com­mu­nau­taire. Le chant en par­ti­cu­lier est un de ces modes de com­mu­ni­ca­tion ances­traux qui nous relie à vrai­ment très loin dans l’é­vo­lu­tion. En tant que tel, ça revient à nous quand on sti­mule une par­tie comme ça, un mode de com­mu­ni­ca­tion ou de réunion ances­trale, il y a vrai­ment quelque chose de très par­ti­cu­lier qui se pro­duit. Je pense que c’est ça qui m’a ame­né à la san­té. J’ai com­men­cé à chan­ter dans la petite cho­rale de mon vil­lage à l’é­glise, donc il y avait dès le début de ma voca­tion musi­cale un aspect fami­lial. Il y avait mon oncle qui était là, il y avait ma tante. On connais­sait tout le monde. Il y avait un aspect de réunion, un aspect de famille. Puis quand on tra­vaille dans le domaine de la san­té, et par exten­sion on parle d’in­clu­sion. On parle de rame­ner la musique, d’ap­por­ter la musique à des gens qui y ont moins accès. C’est que ça soit pour le tra­vail avec des autistes, pour le tra­vail avec des gens qui vivent avec des limi­ta­tions fonc­tion­nelles, (pour le) tra­vail avec des gens dans des milieux divers et dans le cas pré­sent, on par­lait des soins pal­lia­tifs. On n’a­mène pas seule­ment la musique, parce que la musique est acces­sible à n’im­porte qui dans ton télé­phone n’im­porte quel moment, mais on amène la musique live. La musique en direct, la vibra­tion des par­ti­cules d’air pro­duite par un ins­tru­ment en per­sonne. On a quelque chose qui nous replace dans le contexte de la communauté. 

 

Que signi­fient pour vous la musique et la santé ? 

Bon­jour, je m’ap­pelle Pierre Ran­cour. Je suis bari­tone, donc un chan­teur d’o­pé­ra de for­ma­tion, gui­ta­riste aus­si et média­teur cultu­rel. La musique et la san­té, pour moi la musique c’est la san­té parce que dans ma pra­tique per­son­nelle, mes moments de de répé­ti­tion, de chant ce sont tou­jours des moments de joie, de bon­heur, des moments de récon­nexion à moi-même, des moments de vita­li­sa­tion, mais en même temps de calme, d’ex­pan­sion, des moments où je me sens com­plet. Alors je pense que c’est sûr que tout ça, c’est qu’on parle de qua­li­té de vie. On parle d’aug­men­ter sa propre qua­li­té de vie en tant qu’in­ter­prète. Que la pra­tique per­son­nelle soit syno­nyme de plai­sir, puis ça nous donne envie quand on fait de la musique dans des contextes des milieux de san­té. Ça nous donne envie de par­ta­ger cette joie là, que ce bien-être phy­sique, émo­tion­nel, men­tal devienne conta­gieux. Et dans mon expé­rience dans les dif­fé­rents milieux de san­té dans les­quels j’ai tra­vaillé avec la musique, c’est vrai­ment ce qui arrive. C’est qu’il y a une qua­li­té d’éner­gie, une vibra­tion quand on fait de la musique qu’on par­tage et qui se trans­met aux autre. Donc, la manière dont on pose la voix, la manière dont on entre en contact, l’ou­ver­ture qu’on sent vrai­ment –  qua­si­ment au niveau du plexus solaire. Quelque chose de l’ordre de la confiance. Il y a de nom­breux bien­faits que je remarque dans tous les milieux où j’ai tra­vaillé avec la musique. C’est évident. Les recherches les prouvent. Les recherches sont là pour docu­men­ter tous ces bien­faits de la musique, mais je le constate sur le ter­rain. Je constate que c’est un ser­vice qui peut faci­le­ment être mini­mi­sé (la culture la musique le contact humain) parce que c’est ce qu’on fait. C’est entrer en contact, c’est vibrer ensemble. Mais ce n’est pas à mini­mi­ser, au contraire c’est quelque chose d’ex­cep­tion­nel­le­ment puissant. 

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